Égypte : RSF se félicite de la libération de deux journalistes

Deux journalistes dont un travaillant pour Al Jazeera ont été libérés. Reporter sans frontières (RSF) se réjouit de ces libérations  mais rappelle que 20 autres journalistes sont toujours emprisonnés dans le pays

La justice égyptienne a libéré lundi 1er mai, les journalistes Raouf Ebeid, rédacteur en chef du quotidien Rose al-Yūsuf, et Hisham Abdel Aziz, producteur pour la chaîne de télévision qatari Al Jazeera Mubasher, respectivement retenus en détention provisoire depuis juillet 2022 et juin 2019. Suite à leur libération, 20 journalistes sont toujours emprisonnés en Égypte, dont les deux autres journalistes d'Al Jazeera Mubasher, Bahaa El-Din Ibrahim et Rabie el Sheikh.

“Nous nous réjouissons de la libération de Raouf Ebeid et Hisham Abdel Aziz, qui ont passé bien trop de temps enfermés dans les limbes de la détention provisoire. Mais il est impératif que le schéma de répression contre les journalistes cesse en Égypte.Nous demandons la libération des deux autres journalistes d’Al Jazeera Mubasher, ainsi que de leurs 18 autres confrères et consœurs toujours emprisonnés."

Jonathan Dagher
Responsable du Bureau Moyen-Orient de RSF

En détention provisoire depuis trois longues années, Hisham Abdel Aziz avait été arrêté le 20 juin 2019 à l'aéroport du Caire, alors qu’il arrivait du Qatar, où il était basé, en compagnie de sa famille, pour effectuer une visite médicale en Égypte. Interrogé par des agents de sécurité en raison de son emploi de producteur pour la chaîne de télévision qatari Al-Jazeera, le journaliste égyptien s’était vu confisquer son passeport. Après avoir été autorisé à entrer dans le pays, Hisham Abdel Aziz a finalement été interpellé par les forces de sécurité égyptiennes. Le journaliste n'était réapparu au tribunal que 45 jours plus tard, inculpé pour ”appartenance à un groupe terroriste”, une accusation dont il n'a jamais pu se défendre. Fin 2021, RSF avait alerté sur la dégradation de son état de santé en raison de la prise en charge médicale négligente des autorités égyptiennes. 

Raouf Ebaid avait, quant à lui, été arrêté le 7 juillet 2022. Emmené vers un lieu inconnu, il était réapparu le 18 juillet 2022, dans le bureau du procureur de la République égyptienne, pour être notifié des charges pesant contre lui : “appartenance à un groupe terroriste” et “diffusion de fausses informations”. Il demeurait depuis en détention provisoire à la prison d’El Kanater, au Caire. 

La libération de ces deux journalistes est intervenue deux jours avant le lancement du “dialogue national” égyptien, sorte de table ronde politique annoncée en 2022 par le président Abdel Fattah al-Sissi et censée passer en revue des centaines de sujets afin de construire une "nouvelle République". Un “dialogue national, qui, nous l’espérons” mènera à “la libération des (autres journalistes) emprisonnés”, a commenté sur son compte Facebook le président du syndicat des journalistes égyptiens, Khaled Al-Balshy. La persécution des journalistes reste ancrée dans le paysage médiatique égyptien, où les médias indépendants sont devenus extrêmement rares et où la plupart des journalistes travaillent sous la menace de l'emprisonnement, de poursuites judiciaires, de la censure et de la surveillance. 

Sur fond de tensions entre le gouvernement égyptien  et le gouvernement qatari, trois autres journalistes d’Al Jazeera Mubasher ont également été arrêtés et emprisonnés par les forces de l’ordre égyptiennes ces dernières années, dont le journaliste Ahmad Al-Nagdy, interpellé le 22 septembre 2020 et libéré deux ans plus tard, en septembre 2022, à l’occasion d’une visite du président égyptien au Qatar. Bahaa El-Din Ibrahim et Rabie el Sheikh, quant à eux, ont été interpellés respectivement le 22 février 2020 et le 1er août 2021, et sont toujours derrière les barreaux. Leurs familles ainsi qu'Al Jazeera ont de nouveau appelé à leur libération lors de la journée mondiale de la liberté de la presse, le 3 mai dernier.

L’Égypte occupe la 166e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2023, ayant gagné deux positions dans le classement par rapport à celui de l’année précédente.

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Nota: 25,1
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