Vietnam : RSF demande la libération de la journaliste Pham Doan Trang à l'occasion du troisième anniversaire de son arrestation

Détenue depuis trois ans, la journaliste et écrivaine vietnamienne Pham Doan Trang purge actuellement une peine de neuf ans de prison pour des charges de “propagande anti-gouvernementale” montées de toute pièce. Reporters sans frontières (RSF) demande au régime vietnamien de la libérer immédiatement.

 

Il y a tout juste trois ans, le 6 octobre 2020, la journaliste et écrivaine vietnamienne Pham Doan Trang était arrêtée à son domicile de Hô Chi Minh-Ville, dans le sud du pays. Après avoir été détenue au secret pendant plus d'un an, Pham Doan Trang a été condamnée à neuf ans de prison en décembre 2021 pour “propagande anti-gouvernementale”.

"La journaliste Pham Doan Trang, qui a courageusement risqué sa vie pour informer le public, mérite d'être célébrée comme une héroïne au lieu d'être persécutée par le régime vietnamien. RSF appelle la communauté internationale à intensifier la pression sur les autorités de Hanoï pour obtenir sa libération, ainsi que celle de tous les autres journalistes et défenseurs de la liberté de la presse emprisonnés au Vietnam.

Cédric Alviani
Directeur du bureau Asie-Pacifique de RSF

Un mois avant son arrestation, la fondatrice des magazines en ligne Luat Khoa et The Vietnamese et lauréate du Prix RSF pour la liberté de la presse 2019, Pham Doan Trang, avait publié un livre d’enquête journalistique qui révélait un massacre perpétré par la police dans un village à la périphérie de Hanoï.

“La place de la journaliste Doan Trang se trouve dans une rédaction, un amphithéâtre universitaire ou une salle de concert, mais pas dans une prison. Et encore moins dans une enceinte carcérale qui ne lui donne pas l'attention médicale dont elle a désespérément besoin. La seule manière de réparer cette injustice est de la libérer immédiatement et de respecter ses droits fondamentaux en tant que citoyenne et être humain.

Trinh Huu Long
Rédacteur en chef du magazine Luat Khoa

Depuis son arrestation, Pham Doan Trang a été presque totalement coupé de ses proches. En octobre 2022, elle a été transférée dans une prison située dans le sud du Vietnam, à environ mille kilomètres de son domicile familial, ce qui rend les visites de sa mère, âgée de 81 ans, extrêmement difficiles. Elle souffre des séquelles de la Covid-19 qu’elle a contractée en prison, et aussi de sinusites chroniques, d’arthrite et de problèmes gynécologiques.

Au Vietnam, les journalistes emprisonnés sont quasi systématiquement soumis à des traitements dégradants et privés d’accès aux soins médicaux. Le 2 août 2022, le blogueur politique Do Cong Duong meurt en prison à l'âge de 58 ans, à la suite de mauvais traitements subis en détention. Plus récemment, en août 2023, la famille du journaliste indépendant Le Huu Minh Tuan, condamné en 2021 à 11 ans de prison, a révélé qu'il souffre d'une grave infection de gale et que les gardiens de la prison ne l'autorisent pas à se faire soigner.



Le Vietnam stagne depuis de nombreuses années dans les abîmes du Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF et occupe actuellement la 178e place sur 180 pays.

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