Le parlement européen appelle à libérer le journaliste Noureddine Boutar et condamne la répression en Tunisie

Reporters sans frontières (RSF) se félicite de l’adoption par le Parlement européen d’une résolution d’urgence qui condamne la recrudescence des atteintes à la liberté de la presse en Tunisie. Un coup de pression qui appelle l’exécutif européen à prendre des sanctions à l’égard des autorités du pays.

“Avec cette résolution, le Parlement européen montre aujourd’hui que si la Tunisie est pour l’Union européenne (UE) un “partenaire privilégié”, il n’entend pas laisser un régime à la dérive piétiner impunément les droits et libertés chèrement acquis lors de la première des révolutions du Printemps arabe. RSF salue cette résolution et appelle désormais la Commission européenne et les États membres à faire entendre leurs voix pour protéger la liberté de la presse et des journalistes en Tunisie.

Khaled Drareni
Représentant de Reporters sans frontières (RSF) en Afrique du Nord

Alors que le président Kaïs Saïed poursuit sans relâche sa lutte contre les journalistes, la dégradation de la situation en Tunisie n’est pas passée inaperçue du côté des eurodéputés, qui ont vivement critiqué dans une résolution adoptée ce jeudi 16 mars l’impact de la dérive présidentialiste sur les libertés publiques, et appelé les autorités tunisiennes à “mettre fin à la répression en cours contre la société civile” et à libérer le directeur de la radio Mosaïque FM, Noureddine Boutar, arrêté le 13 février et maintenu en détention depuis. 

Après une première résolution adoptée en 2021 s’inquiétant déjà du coup de force de Kaïs Saïed, le Parlement européen monte cette fois au créneau. Compte tenu des attaques répétées envers la société civile, il appelle l'UE à suspendre sa coopération avec les ministères de la Justice et de l’Intérieur tunisiens. Un coup de pression, adopté à une large majorité (92 %), qui s’inscrit dans un mouvement plus global de retrait progressif des bailleurs de fonds internationaux, comme l’illustre la récente décision de  la Banque mondiale d’interrompre ses travaux en Tunisie

Arrivé à la présidence en 2019, Kaïs Saïed a pris les pleins pouvoirs en juillet 2021 : il a dissous le Parlement, début 2022 et supervisé l'adoption d'une nouvelle constitution controversée car grandement liberticideDe fait, depuis 2019, le respect des droits et libertés en général, et de la liberté de la presse en particulier, n’a cessé de décliner, jusqu’à ce contexte de guerre ouverte contre les médias, comme le démontre RSF dans le rapport Journalisme en Tunisie : l’heure de vérité. La répression ne cesse de s’aggraver comme l’a aussi signalé le Haut-Commissariat aux droits de l'homme de l'ONU. Dernière en date ? Une vague d'arrestations de membres de la société civile entre le 11 et le 13 février. 

Parmi les personnes arrêtées lors de ce coup de filet figure le directeur de Mosaïque FM, Noureddine Boutar, toujours emprisonné. En plus d’appeler à la libération de ce dernier, seul journaliste tunisien emprisonné à ce jour, le Parlement européen condamne les arrestations récentes des journalistes du site d’information OneTN suite à la perquisition de leurs locaux, ainsi que les peines de prison qui avaient été imposées aux journalistes Khalifa Gasmi et Salah Attia en 2022.

La Tunisie a perdu 20 places au Classement mondial de la liberté de la presse 2022 de RSF et occupe désormais la 94e place sur 180 pays.

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