Les autorités tentent d’améliorer la liberté de la presse et d’obtenir justice après l’assassinat, en 2018, du journaliste d’investigation Jan Kuciak – mais les progrès en la matière sont lents et les journalistes évoluent dans un climat hostile. Les médias publics et privés demeurent vulnérables aux intérêts extérieurs au secteur.
Paysage médiatique
Le média le plus influent est la chaîne privée TV Markíza, dont l’indépendance a été préservée, bien qu’elle ait changé de propriétaire en 2020. La radiodiffusion publique RTVS a conservé une forte position sur le marché en dépit de sa vulnérabilité à des intérêts extérieurs à sa mission de service public, qui a provoqué le départ de nombreux journalistes au cours des cinq dernières années. Le pays a une solide tradition de journalisme d’investigation, que pratiquent plusieurs journaux et médias en ligne.
Contexte politique
Les ambitieux plans actuels du gouvernement visant à améliorer la liberté de la presse et l’indépendance des médias – après le choc créé en 2018 par l’assassinat du journaliste d’investigation Jan Kuciak – se traduisent trop lentement par quelques mesures spécifiques en raison de conflits internes au sein de la majorité au pouvoir. Alors que les attaques des membres du gouvernement envers les médias ont diminué, l’opposition, et en particulier l’ex-Premier ministre Robert Fico, va jusqu'à lancer des accusations sans fondement pour criminaliser les journalistes d'investigation.
Cadre légal
Les journalistes slovaques bénéficient traditionnellement d’une solide loi sur la liberté d’expression et d’une jurisprudence qui défend leurs droits. Après avoir pris le pouvoir en 2020, le gouvernement actuel a promis de nouvelles dispositions juridiques pour améliorer la protection des journalistes et de leurs sources, renforcer l’indépendance éditoriale et financière de la radiodiffusion publique, accroître la transparence de la propriété des médias et de leur financement, et réduire les peines de prison pour diffamation. Leur adoption se fait toutefois attendre.
Contexte économique
L’indépendance éditoriale des plus grands médias est compromise : plusieurs organes privés sont en effet aux mains d’une poignée d’oligarques, et le radiodiffuseur public RTVS dépend d’un financement ad hoc du gouvernement en raison de l’insuffisance des redevances audiovisuelles. Dans le même temps, certains des plus petits médias privés se développent grâce au soutien de leurs audiences et du modèle d’abonnement numérique. Toutefois, l’étroitesse du marché et l’essor des plateformes numériques font du financement de l’information de qualité un défi de taille.
Contexte socioculturel
Alors que la société slovaque est largement conservatrice, les médias sont, pour la plupart, de tendance libérale, ce qui provoque des tensions. Les journalistes, et en particulier les femmes, sont la cible de critiques et parfois d’attaques en ligne pour avoir couvert des sujets liés au genre ou au harcèlement sexuel. Encouragés par les agressions verbales de certains leaders d’opposition, les opposants aux mesures gouvernementales de lutte contre la pandémie ou la corruption ont insulté ou harcelé des journalistes lors de manifestations et sur les réseaux sociaux. L’atmosphère hostile contraste avec le large soutien que la population avait témoigné aux journalistes après l’assassinat de Jan Kuciak.
Sécurité
L’assassinat, en 2018, du journaliste d’investigation Jan Kuciak et de sa fiancée Martina Kusnirova constitue un tournant tragique. Bien que deux des auteurs et un intermédiaire aient été condamnés, le procès contre l’instigateur présumé, Marian Kocner, et son complice est toujours en cours. La surveillance illégale de Jan Kuciak et de 30 autres journalistes avant le drame n’a pas non plus été résolue. Outre de fréquentes attaques en ligne, les journalistes slovaques ont été la cible de violences physiques lors des manifestations contre les restrictions liées à la Covid-19.