Bien que la liberté de la presse soit garantie par la législation péruvienne, les journalistes sont fréquemment victimes de harcèlement judiciaire. Le journalisme d’investigation tend à disparaître et la désinformation gagne du terrain dans le pays.
Paysage médiatique
Le paysage médiatique péruvien est pluriel, même si dans la capitale, Lima, une ligne éditoriale conservatrice pour les questions politiques et économiques domine. Ces dernières années, des médias auparavant fiables ont basculé dans la désinformation, notamment au moment des élections. Le journalisme d’investigation n’est plus présent que sur des sites en ligne à but non lucratif, comme IDL-Reporteros ou Ojo Público. Le tabloïd Trome est le journal le plus vendu du pays, et Radioprogramas la principale émission d'information. La plupart des Péruviens s’informent à travers la radio ou les chaînes TV en clair, où la couverture de l’information est généralement superficielle.
Contexte politique
En 2021, l’outsider et instituteur en milieu rural Pedro Castillo a remporté les élections présidentielles en dépit d’une importante campagne médiatique déployée contre lui. Cette désinformation a amené Pedro Castillo à se méfier de la presse de la capitale. Les partis d’opposition de droite Fuerza Popular et Renovación Popular, ainsi que des entités de sociétés civiles se sont servis de la défense de la liberté de la presse pour mettre le président en cause du fait qu’il ne donne jamais d’interview ni n’organise de conférence de presse. La polarisation politique s’est accentuée.
Cadre légal
La Constitution de 1992 garantit la liberté d’expression et stipule que toute action qui suspend, interrompt ou empêche la libre circulation des journaux est un crime. Il existe aussi une loi sur la transparence et l’accès à l’information qui, dans la réalité, est souvent difficile à mettre en œuvre en raison de la faiblesse des institutions, et des divers conflits politiques et économiques. Lors de la première année de la pandémie, le ministre de Justice a souligné que le code pénal punit la diffusion de fausses informations, sans que quiconque ait jamais été sanctionné ou poursuivi pour ce motif.
Contexte économique
En 2020, avec la pandémie, l’économie péruvienne a perdu 11 points et la pauvreté a augmenté jusqu’à toucher 30 % de la population. Les journalistes figurent parmi les catégories professionnelles les plus concernées, notamment en dehors de la capitale, où ils travaillent de manière informelle (sans contrat, sans assurance ni protection santé). Certains médias privés ont dû licencier des employés en raison de la réduction des budgets et de la publicité. Les médias en ligne à but non lucratif, en revanche, ont poursuivi leurs activités.
Contexte socioculturel
Le public valorise le travail des journalistes, celui-ci ayant joué un rôle clé – notamment ces dernières années – dans la révélation d’affaires de corruption impliquant des responsables politiques et le système judiciaire. Toutefois, les médias traditionnels de la capitale ont perdu leur crédibilité en 2020 et 2021, à cause des informations pseudo-scientifiques diffusées pendant la pandémie et de la désinformation durant la campagne présidentielle.
Sécurité
Les journalistes sont peu protégés par les forces de sécurité, qui peuvent même être elles-mêmes à l’origine d’attaques. Par ailleurs, les violences verbales et physiques perpétrées par des activistes politiques envers des reporters ont augmenté. Depuis 2018, lorsque des enquêtes journalistiques ont été publiées sur l’affaire Odebrecht, des groupes d’extrême droite ont verbalement et physiquement agressé des journalistes.