Asie - Pacifique
Singapour
-
Classement 2023
129/ 180
Score : 47,88
Indicateur politique
155
38.75
Indicateur économique
116
42.40
Indicateur législatif
168
27.36
Indicateur social
132
51.99
Indicateur sécuritaire
74
78.89
Classement 2022
139/ 180
Score : 44,23
Indicateur politique
153
39.09
Indicateur économique
156
29.21
Indicateur législatif
163
34.21
Indicateur social
148
49.25
Indicateur sécuritaire
84
69.39

Singapour, qui se vante d’être un modèle de développement économique, est un contre-modèle extrêmement préoccupant en ce qui concerne la liberté de la presse, quasiment inexistante. 

Paysage médiatique

Sous ses atours de “Suisse de l’Asie”, pour reprendre l’expression chère à la propagande locale, la cité-État n’a que peu de choses à envier au contre-modèle chinois quand il s’agit de répression de la liberté de la presse. Les citoyens doivent en effet composer avec une machine médiatique étroitement contrôlée par le gouvernement. Les quelques portails d’information indépendante sont, petit à petit, réduits au silence à force de harcèlement des autorités, à l’instar du site The Online Citizen, contraint à la fermeture fin 2021. 

Contexte politique

Au pouvoir de façon continue depuis l’indépendance de Singapour en 1965, le Parti d’action populaire (People’s Action Party, PAP) du Premier ministre Lee Hsien Loong dispose d’un arsenal qui permet au gouvernement de nommer directement les membres des conseils d’administration et les rédactions en chef des grands médias. Charge à eux de faire respecter les lignes édictées par l’exécutif. Ce dernier décide également, de façon arbitraire, si un organe de presse étranger peut, ou non, être distribué ou diffusé dans la cité-État.

Cadre légal

Le code pénal et la loi sur la sédition, hérités du colonisateur britannique, prévoient des peines de prison pour tout auteur d’une publication qui promouvrait  “malveillance” ou “hostilité" contre le gouvernement. Depuis la loi “anti-fake news” de 2019,  ce dernier peut également “corriger” toute information qu’il jugerait fausse ou qui “diminuerait la confiance du public dans le gouvernement”. Enfin, la loi sur la souveraineté nationale de 2021 interdit à tout média “en lien avec une entité étrangère” de publier la moindre information sur la vie politique du pays - sans que ce “lien” soit clairement explicité dans la loi.

Contexte économique

Deux grands groupes détiennent l’ensemble de la presse papier, radio et audiovisuelle : le premier, MediaCorp, appartient à une société d’investissement étatique ; le second, la Singapore Press Holdings, est officiellement de droit privé - mais ses dirigeants sont désignés par le gouvernement. Résultat, l’autocensure est généralisée, y compris au sein des médias indépendants qui, malgré des formes de financement alternatives, sont la cible d’un harcèlement judiciaire et économique exercé de façon systématique par l’exécutif.

Contexte socioculturel

L’imposition de lignes rouges implicites – dites “Out of Bounds Markers”, ou sujets hors-limites - restreint de façon draconienne la couverture de nombreux sujets à travers l’action de l’Autorité de développement des médias Infocomm (Infocomm Media Development Authority, IMDA), bras armé du ministère de l’Information. Ce bureau de la censure version 2.0 permet au gouvernement d’imposer aux médias sa propre version de la vérité sur des sujets aussi divers que la peine de mort, la gestion de la Covid-19 ou… le salaire de l’épouse du Premier ministre.

Sécurité

Blogueurs et journalistes indépendants se retrouvent régulièrement confrontés directement au Premier ministre qui, avec son équipe, porte plainte et exige des sommes faramineuses aux auteurs de propos qui le dérangent. Dans une société extrêmement connectée, les acteurs de l’information qui franchissent les lignes rouges peuvent aussi être cloués au pilori par des campagnes de dénigrement orchestrées par les trolls du PAP, au point que beaucoup se résolvent à l’exil quand ils le peuvent.