Rapport sur l’état de droit : l’UE doit utiliser tous les outils dont elle dispose pour contraindre les États à respecter la liberté de la presse

Le cinquième rapport annuel sur l’état de droit met à nouveau en évidence les menaces qui pèsent sur l’indépendance des médias et la sécurité des journalistes dans les États membres de l'Union européenne (UE). Reporters sans frontières (RSF) appelle la Commission européenne à utiliser tous les outils dont elle dispose pour obliger les États à agir, en particulier ne plus financer les États qui menacent la liberté de la presse.

La Commission européenne a publié, ce mercredi 24 juillet, son cinquième rapport sur l'état de droit qui, fait état d’“inquiétudes persistantes dans certains États quant à l'indépendance des médias de service public, la sécurité des journalistes, l'attribution de la publicité d'État ou encore le droit d’accès aux documents publics”.

Le rapport de l’institution, outil de prévention sans pouvoir de sanction, reflète et cite le Classement mondial de la liberté de la presse de RSF 2024, qui constate une dégradation de la liberté de la presse dans la région, particulièrement en Slovaquie et en Italie, et une stagnation de la situation en Grèce – 88e sur 180 pays, et le moins bien classé à l’échelle de l’UE.

“Trop d'États membres de l'UE restent passifs face au recul de la liberté de la presse. Certains, comme la Slovaquie et la Hongrie, vont même jusqu’à la menacer. Il est désormais urgent que la Commission passe à la vitesse supérieure face aux pressions politiques et économiques  pesant sur les journalistes et les médias qu’elle identifie. RSF appelle les États membres à se mettre en conformité au plus vite avec la législation européenne sur la liberté des médias (EMFA), la recommandation de l’UE sur la sécurité des journalistes de 2021 et la législation contre les procédures-bâillons (SLAPP). L’organisation demande à la Commission européenne d'utiliser pleinement ses compétences pour obliger les États récalcitrants à agir, notamment en lançant des procédures d’infraction et en faisant du respect de l’état de droit une condition pour obtenir des financements. L’UE ne peut pas continuer de financer les gouvernements qui menacent la liberté de la presse. Colonne vertébrale de la démocratie, la défense de la liberté de la presse et du droit à l'information mérite plus que des recommandations.

Julie Majerczak
Directrice du bureau de Bruxelles de RSF

Couvrant 27 pays de l’UE ainsi que quatre pays des Balkans occidentaux, le rapport adresse des recommandations spécifiques à 22 États membres, les invitant à prendre des mesures pour protéger la liberté, l’indépendance et le pluralisme des médias ainsi que la sécurité des journalistes.

Or, si selon la Commission, 68 % des recommandations faites en 2023 ont été partiellement ou totalement suivies par les États, RSF constate qu’elles sont trop peu respectées dans les États où la liberté de la presse est le plus mise à mal, comme la Grèce, la Hongrie, la Slovaquie ou encore la Bulgarie. “La Hongrie est un véritable problème systémique pour la Commission en matière d'état de droit”, a même affirmé le commissaire européen à la Justice Didier Reynders, en présentant le rapport sur l’état de droit lors d’une conférence de presse organisée le 24 juillet à Bruxelles.

Devant le Parlement européen, le 18 juillet dernier, la présidente de la Commission Ursula von der Leyen annonçait vouloir faire du respect de l’état de droit une condition sine qua non pour obtenir des financements européens. 

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