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Le pluralisme des médias est réel dans le pays, mais dans la province du Nord-Kivu, le secteur est fortement affecté par le conflit entre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et les rebelles du M23.
Paysage médiatique
Premier pays d’Afrique subsaharienne par sa superficie, la République démocratique du Congo (RDC) compte plus de 7 000 journalistes professionnels, plus de 500 journaux, dont une quinzaine seulement paraissent régulièrement, plus de 150 chaînes de télévision, plus de 4 000 stations de radio et plus de 40 médias en ligne. La Radiotélévision nationale congolaise (RTNC), la radio des Nations unies Okapi et la radio Top Congo disposent d’une couverture nationale. La presse écrite est quasiment inexistante en dehors de la capitale Kinshasa. Les sites d’information, tels qu’actualité.cd et 7sur7.cd, sont en plein développement.
Contexte politique
Le paysage médiatique congolais est marqué par la forte présence de personnalités politiques qui possèdent ou lancent des médias pour en faire des instruments d’influence et de pouvoir. La radiotélévision nationale est encore un média d’État qui manque d’indépendance. Il est très fréquent que les autorités locales, les miliciens, les groupes religieux et les hommes politiques exercent des pressions sur les journalistes et les médias présents dans leur province. Certains médias sont sommés par le M23 de réajuster leur ligne éditoriale.
Cadre légal
La loi sur la presse de 1996 a été révisée en avril 2023 sur la base des recommandations des états généraux de la presse, qui plaidaient pour un cadre légal plus moderne et plus protecteur pour les journalistes et les médias. La nouvelle loi durcit les conditions d’accès à la profession de journaliste. Elle ne consacre pas expressément la fin des peines privatives de liberté pour les délits de presse, mais instaure la clause de la mauvaise foi dans la publication de fausses informations ou d’allégations qui auront troublé l’ordre public. En outre, elle garantit aux journalistes l’accès aux sources d’information d’intérêt public non couvertes par le secret, la sûreté de l’État ou la défense nationale.
Contexte économique
Les journalistes et médias congolais vivent dans une très grande précarité. Les contrats de travail sont rares et la pratique du “coupage”, qui consiste à obtenir une rémunération en échange de la couverture d’un événement ou de la diffusion d’une information, est très répandue. L’aide à la presse prévue par la loi n’a jamais été distribuée de manière transparente. Très peu de médias sont viables et indépendants, et la plupart sont soumis à l’influence de leurs promoteurs.
Contexte socioculturel
Certains journalistes sont pris à partie sur la base de leur appartenance ethnique ou communautaire, et sont exposés à des mesures de représailles en raison de leur travail, notamment dans l’est du pays, où de nombreux groupes armés sont présents. La couverture du conflit au Nord-Kivu est devenu un tabou dans la presse, prise entre les violences des rebelles du M23 et les ripostes de l'armée républicaine de la RDC. En 2021, des émissions et radios ont été suspendues pour “incitation au tribalisme et à la violence”. L’autocensure est une pratique courante pour de nombreux journalistes. Il est particulièrement difficile de couvrir les grands dossiers de corruption et certains contrats miniers, entre autres.
Sécurité
Arrestations, agressions, menaces, disparitions forcées, exécutions, médias suspendus, pillés ou saccagés… La sécurité des journalistes est mise à rude épreuve en RDC. Les forces de sécurité sont impliquées dans nombre d’exactions et bénéficient d’une impunité totale. Les journalistes sont menacés par une vague de pressions et de représailles depuis début 2023 malgré le cessez-le-feu au Nord-Kivu. Certains médias sont sommés par le M23 de réajuster leur ligne éditoriale. La démobilisation des forces armées par voie de presse en temps de guerre est passible de la peine de mort. Durant les périodes électorales, les professionnels des médias sont victimes d’agressions et de menaces de la part d’acteurs politiques ou de leurs soutiens.