Amérique
Nicaragua
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Classement 2023
158/ 180
Score : 37,09
Indicateur politique
163
35.81
Indicateur économique
98
45.49
Indicateur législatif
166
28.21
Indicateur social
145
44.32
Indicateur sécuritaire
160
31.65
Classement 2022
160/ 180
Score : 37,09
Indicateur politique
156
37.45
Indicateur économique
108
38.78
Indicateur législatif
166
31.75
Indicateur social
147
49.80
Indicateur sécuritaire
156
27.68

Depuis la réélection du président Daniel Ortega, en 2021, pour un quatrième mandat consécutif, la presse indépendante continue de vivre un véritable cauchemar : censure, intimidations, menaces… Les journalistes sont stigmatisés et confrontés à des campagnes de harcèlement, des arrestations arbitraires et des menaces de mort. Nombre d’entre eux ont dû quitter le pays.

Paysage médiatique

Au Nicaragua, il n’existe pour ainsi dire aucun média indépendant, du fait de la grande vague de répression lancée par le régime Ortega contre l’opposition, les organisations civiles et la presse indépendante. Seuls des médias en ligne, dont la plupart des journalistes vivent en exil, continuent de rapporter les abus du gouvernement. Les quelques organes fonctionnant encore dans le pays, comme Radio Corporación ou le journal télévisé “Acción 10”, évitent de critiquer le régime par peur des représailles.

Contexte politique

En 2021, la police nationale a envahi, sans mandat, la rédaction du quotidien La Prensa, qui n’a pu assurer de diffusion papier depuis et qui continue d’être occupée. Le directeur général du journal, Juan Lorenzo Holmann Chamorro, et son ancien directeur, l’ex-député Pedro Joaquín Chamorro Barrios, ont écopé respectivement d’une peine de prison de 18 et 20 mois. Ces attaques contre ce média s’inscrivent dans une vague d’arrestations de directeurs et de journalistes de différents médias, poursuivis pour des affaires de blanchiment d’argent ou de trahison, sans qu’aucune preuve ne soit jamais produite contre eux. En 2018, déjà, les médias Confidencial et 100% Noticias avaient subi des perquisitions et des confiscations. Les six journalistes déclarés traîtres à la patrie – figurant parmi les quelque 200 prisonniers politiques comptabilisés par la presse indépendante début 2023 – ont été libérés par Daniel Ortega en février. Ceux qui se sont exilés aux États-Unis ont été déchus de leur nationalité.

Cadre légal

Après les manifestations de 2018, le gouvernement Ortega a élaboré une série de lois (adoptées en 2020) à travers lesquelles il a attaqué des opposants et des journalistes indépendants à partir de 2021. La loi spéciale contre le cybercrime a notamment servi à condamner le journaliste Miguel Mendoza pour avoir critiqué le gouvernement sur des réseaux sociaux. Il a été accusé d’avoir diffusé de fausses nouvelles et a écopé d’une peine de neuf ans de prison. Miguel Mendoza est l'un des journalistes ayant cherché refuge aux États-Unis après leur libération en février 2023.

Contexte économique

La situation économique du pays ne s’est pas améliorée depuis la répression gouvernementale des manifestations d’avril 2018, qui n'a fait que s'accroître. Résultat : des investissements en berne et une économie reposant uniquement sur les exportations, parmi lesquelles l’or, la viande et le café, ainsi que sur les transferts de fonds. Quant à l’économie interne, elle a perdu son dynamisme et la population subit l’inflation de plein fouet.

Contexte socioculturel

L’émigration n’a cessé d’augmenter, au point que les Nicaraguayens qui arrivent à la frontière sud des États-Unis rivalisent en nombre avec les ressortissants des pays dits du “triangle du nord d’Amérique centrale”. Le climat qui règne dans le pays allie peur de la répression et perte de tout espoir, avec un nombre incalculable de jeunes exprimant leur désir de quitter le Nicaragua sur les réseaux sociaux.

Sécurité

La pratique du journalisme n’est pas sûre au Nicaragua. Les journalistes qui exercent dans le pays travaillent dans la plus grande discrétion et ne signent pas leurs articles par crainte des représailles. Les appareils photo sont souvent confisqués et il n’y a quasiment plus de reportages sur le terrain. Au moins quatre journalistes qui s'étaient exilés pour éviter leur arrestation ont également été déclarés "traîtres à la patrie" et déchus de leur nationalité.