Deux journalistes arrêtés au Nicaragua : RSF alerte à nouveau sur le durcissement de la répression du régime de Daniel Ortega

Les journalistes Leo Cárcamo Herrera et Elsbeth D'Anda ont été arrêtés récemment par les autorités nicaraguayennes. Ces détentions s’ajoutent à la disparition forcée de la journaliste Fabiola Tercero Castro et à l’exil de dizaines de journalistes depuis 2018. Reporters sans frontières (RSF) dénonce la répression du régime de Daniel Ortega contre les journalistes et demande la libération immédiate des journalistes incarcérés.

La répression contre la presse indépendante au Nicaragua atteint des niveaux alarmants, et est devenue une stratégie centrale du régime du président Daniel Ortega et de la vice-présidente, son épouse, Rosario Murillo, pour faire taire toute forme de dissidence. Ce 22 novembre, Leo Cárcamo Herrera, un journaliste chevronné aujourd'hui à la retraite, a été de nouveau privé de liberté dans le cadre d’une vague d’arrestations contre des voix critiques du régime. Quelques jours plus tôt, le 27 octobre, Elsbeth D'Anda, journaliste de la chaîne de télévision CDNN 23, a quant à elle été arrêtée après avoir remis en question la hausse des prix des produits de première nécessité, dans son émission “La Cobertura”.

“L’arrestation de Leo Cárcamo et d'Elsbeth D'Anda, qui vient s'ajouter à la disparition de Fabiola Tercero, témoigne de l'escalade de la répression contre le journalisme indépendant au Nicaragua. Nous exhortons les autorités nicaraguayennes à les libérer immédiatement, et à communiquer sur le lieu où se trouve Fabiola Tercero. Ces agissements sont inacceptables et violent les principes fondamentaux de la liberté de la presse. RSF appelle d'urgence la communauté internationale à intensifier la pression sur le régime de Daniel Ortega, en exigeant des garanties pour l'exercice d'un journalisme libre, en toute sécurité.

Artur Romeu
Directeur du bureau Amérique latine de RSF

Leo Cárcamo Herrera a été régulièrement victime de la répression au Nicaragua. En 2018, il a survécu à l'incendie, déclenché par des militaires sandinistes, de la station Radio Darío, visée pour sa couverture des manifestations qui secouaient alors le pays. En 2019, il a été arrêté par la police alors qu'il arrivait dans les locaux de Radio Darío. Il a été libéré après trois heures d'interrogatoires et de menaces. La même année, la chaîne décide alors de suspendre les informations et les programmes critiques envers le gouvernement, par crainte de représailles. Autre cible du régime, Fabiola Tercero Castro, journaliste indépendante et militante féministe, qui est portée disparue depuis le 12 juillet. Ce jour-là, la police a mené un raid à son domicile, au cours duquel elle a pu signaler que son domicile venait d’être perquisitionné par des agents du gouvernement. Sa famille est également portée disparue depuis. 

Les professionnels des médias peuvent également être la cible de poursuites judiciaires. De fait, la réforme constitutionnelle adoptée le 22 novembre renforce l’emprise du président Ortega sur le pays, notamment par une surveillance accrue des médias et de la société civile. En septembre, le Parlement avait déjà approuvé une nouvelle loi sur la cybercriminalité punissant jusqu'à cinq ans d'emprisonnement la diffusion d'informations jugées “fausses” ou “nuisibles” par le gouvernement, ce qui a généré de l’inquiétude au sein de la profession. Depuis 2018, plus de 200 journalistes ont été expulsés ou contraints à l'exil, tandis que ceux qui restent dans ce pays qui occupe la 163e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de presse établi par RSF en 2024, sont confrontés à un environnement de plus en plus hostile et dangereux. 

Image
163/ 180
Score : 29,2
Publié le