Nicaragua : RSF demande aux autorités de faire la lumière sur la disparition de la journaliste Fabiola Tercero Castro

Le 12 juillet, la police a perquisitionné le domicile de la journaliste Fabiola Tercero Castro. Depuis, la journaliste et sa famille sont introuvables. La disparition de Fabiola Tercero Castro intervient dans le cadre d'une nouvelle vague de répression envers la presse nicaraguayenne. Reporters sans frontières (RSF) exhorte les autorités à mettre fin à la persécution des journalistes et à fournir des explications sur la disparition de Fabiola Tercero Castro. 

Le 12 juillet 2024, sept policiers ont fait irruption au domicile de la journaliste et militante nicaraguayenne Fabiola Tercero Castro, dans la capitale, Managua. L'ordinateur et le matériel de travail de Fabiola Tercero Castro ont été saisis. Depuis la perquisition, aucune nouvelle de Fabiola et de sa famille. Bien que la journaliste ne fasse pas l'objet d'accusations formelles, elle a été soumise à des mesures restrictives telles que l'assignation à résidence et l'obligation de se présenter quotidiennement à un poste de police. Selon les informations de RSF, la journaliste pourrait être dans une prison d'État, bien qu'il n'y ait pas d'information officielle confirmant cette théorie.

Fabiola Tercera Castro est une journaliste et militante féministe bien connue. Elle a travaillé pendant de nombreuses années pour divers médias, comme le magazine en ligne Galeria News, dans lequel elle a écrit plusieurs articles sur les droits des femmes. Même si elle a passé les dernières années à travailler sur un projet personnel visant à améliorer l’accès à la lecture, cela n’a pas empêché le gouvernement nicaraguayen de la soumettre à des mesures restrictives.

Selon les sources de RSF sur le terrain, le régime du président Daniel Ortega a intensifié sa répression contre les quelques journalistes indépendants qui restent dans le pays, qu’ils soient actifs ou non. La police perquisitionne désormais les domiciles de ces journalistes sans mandat ni explication, et les interroge sur leurs collègues, leur travail actuel et leurs emplois antérieurs dans des médias indépendants. Leurs téléphones portables sont également fouillés et les appareils électroniques de tous les occupants de la maison sont confisqués. La police ordonne ensuite aux journalistes de lui rendre compte quotidiennement, soit par un appel téléphonique, soit en pointant au poste de police le plus proche.

“Les rapports des journalistes nicaraguayens sont déchirants et dignes de scénarios de film d'horreur. L’offensive d'Ortega contre ce qu’il reste du journalisme indépendant dans le pays se poursuit, après plus de six années d'actions répressives contre la presse, qui ont poussé des centaines de journalistes à l'exil. En plus des alertes sur les persécutions, la surveillance permanente et les détentions arbitraires, RSF est désormais vigilante sur les disparitions forcées. Nous demandons au gouvernement de donner des explications sur le cas de Fabiola Tercero Castro et de mettre fin à cette censure rampante.

Artur Romeu
Directeur du bureau Amérique latine de RSF

Ces dernières années, l'État a utilisé une multitude de tactiques pour réduire la presse au silence : achat de médias, fermeture de médias locaux, réduction de la publicité de l'État, agressions physiques, discours publics stigmatisant la presse et détentions arbitraires. En avril 2023, le journaliste Victor Ticay, de la chaîne de télévision Canal 10, a été arrêté arbitrairement et condamné à huit ans de prison pour avoir couvert un événement religieux. Le gouvernement est même allé jusqu'à interdire aux journalistes nicaraguayens de rentrer dans leur propre pays, comme ce fut le cas pour Kimberly Leon, directrice de la radio La Costenisima, qui a été empêchée d'entrer dans le pays fin août 2023 par la Direction générale des migrations et des étrangers (DGME) après un voyage familial aux États-Unis. 

Le gouvernement d'Ortega est devenu si hostile aux médias indépendants qu'au moins 263 journalistes nicaraguayens ont été bannis de leur pays ou ont fui par crainte pour leur sécurité depuis avril 2018, lorsque la répression s'est intensifiée, selon les statistiques de la Fondation pour la liberté d'expression et la démocratie (FLED). 

Le Nicaragua est classé 163e sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2024.

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