Un journaliste condamné pour diffamation en raison d’un article sur la disparition de “JPK”

Reporters sans frontières regrette le jugement du 23 juin 2009, de la 17e chambre du tribunal de grande instance de Paris (TGI) condamnant pour diffamation le rédacteur en chef de Tahiti-Pacifique, Alex du Prel. Il faisait l’objet d’une plainte de trois magistrats saisis du dossier de la disparition du journaliste Jean-Pascal Couraud, dit JPK, en 1997, en Polynésie française. Le TGI a reconnu le journaliste coupable de "diffamation" à l’encontre du procureur de Papeete, Jean Bianconi, et a condamné Alex du Prel à payer 1 000 euros d’amende et à verser 1 000 euros de dommages et intérêts au magistrat. “Il est regrettable que la justice soit plus prompte à attaquer et condamner un journaliste qui critique son action, plutôt que de concentrer ses efforts sur la résolution de dossiers criminels, dont l’affaire de la mort de Jean-Pascal Couraud”, a déclaré Reporters sans frontières. "Par ailleurs, les conditions de dépôt de cette plainte sont surprenantes. On est en droit de se demander pourquoi les trois magistrats ont pris le soin de porter plainte à Paris et non à Papeete. De plus, Alex du Prel n’a été averti de la plainte qu’en octobre 2007, soit huit mois après son dépôt", a précisé l’organisation. Le procureur de Papeete, Jean Bianconi, son substitut, Christophe Perruaux, et le juge d’instruction Philippe Stelmach, ont porté plainte, en mars 2007, pour “diffamation” contre Alex du Prel en réaction à la publication, en janvier, d’un article critiquant l’instruction sur la disparition du journaliste Jean-Pascal Couraud, dit “JPK”. Les trois magistrats réclamaient 5000 euros de dommages et intérêts chacun. Le procureur du TGI avait alors soutenu que certains propos étaient de nature "diffamatoire". La disparition de JPK a longtemps été considérée comme un suicide par la justice de Tahiti. Il a fallu l’obstination des proches du journaliste et d’un comité de soutien pour que l’affaire ne soit pas définitivement classée. Le tribunal de Papeete avait conclu au suicide et rendu une ordonnance de non-lieu en octobre 2002. Mais en 2004, l’enquête avait été rouverte après le témoignage d’un ancien membre du Groupe d’intervention de la Polynésie (GIP, service d’ordre personnel de l’ancien président de la Polynésie française Gaston Flosse). Vetea Guilloux avait déclaré avoir assisté à l’assassinat de Jean-Pascal Couraud perpétré par des membres du GIP, avant de se rétracter. Ce témoin avait lui-même fait l’objet d’une plainte et d’une condamnation pour "dénonciation calomnieuse". JPK était rédacteur en chef du quotidien polynésien Les nouvelles de Tahiti. II a disparu en décembre 2007, alors qu’il enquêtait sur des transferts de fonds suspects mettant en cause Gaston Flosse. voir les articles en relation: "Oui, JPK a bien été assassiné !" (Tahiti-Pacifique) Neuvième anniversaire de la disparition d’un journaliste d’investigation en Polynésie française : le comité de soutien dénonce l’immobilisme de la justice (RSF)
Publié le
Updated on 20.01.2016