Reporters sans frontières s'inquiète des propos de la majorité gouvernementale contre la presse
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Reporters sans frontières s'inquiète des propos de certains membres de la majorité gouvernementale qui ont accusé la presse française de “manque de neutralité”. La ministre de la Culture et de la Communication, Christine Albanel, a appelé l' Agence France-Presse (AFP) à créer un service spécial pour diffuser à l'état brut les communiqués des groupements politiques et des syndicats. Ces déclarations interviennent quelques jours après les critiques émises par le président français Nicolas Sarkozy à l'encontre de certains médias, les accusant de jouer le rôle de l'opposition.
“Cette proposition est inquiétante et ressemble à un déni du journalisme dans la mesure où les médias ne seraient plus que des tableaux d'affichage pour le gouvernement, les partis politiques ou encore les syndicats. C'est également une défiance par rapport aux journalistes que le gouvernement et la majorité parlementaire ne pensent pas capables de juger de l'intérêt d'une information. Dans un pays démocratique, un communiqué officiel ne tient pas lieu d'information. Par ailleurs, l'ensemble des partis politiques français et des syndicats disposent de sites Internet où ils publient leurs communiqués, disponibles pour tous. Même les parlementaires et les responsables politiques ont très souvent un site personnel où ils peuvent rendre accessibles tous les communiqués qu'ils souhaitent”, a déclaré l'organisation.
Dans une interview publiée le 11 mai 2008 par le Journal du Dimanche, la ministre de la Culture et de la Communication, Christine Albanel, a proposé la création d'un fil d'informations brutes dédié aux communiqués des partis et des organisations syndicales. Ce service permettrait de “diffuser plus largement et de façon totalement neutre leurs points de vue”, a déclaré la ministre. Elle a tout de même ajouté que l'AFP n'était pas “une machine à reproduire des communiqués”.
De son côté, Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP (majorité), a accusé l'agence française de censurer ses communiqués. Le député des Hauts-de-Seine a affirmé ne pas “reconnaître à une agence de presse une ligne éditoriale quand il s'agit de traiter un communiqué d'un parti politique“.
Le 7 mai 2008, Nicolas Sarkozy avait accusé la presse de ne pas avoir suffisamment relayé la condamnation de l'ancienne candidate socialiste Ségolène Royal dans une affaire de justice. Le président français a accusé les publications L'Express, Marianne, Le Parisien, Le Journal du Dimanche et l'Agence France-Presse de "s'attribuer la fonction d'opposition".
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Updated on
20.01.2016