Libéré à l'issue de sa garde à vue dans la nuit du 6 décembre 2007, Guillaume Dasquié a été mis en examen pour “violation du secret-défense”, une infraction passible de 75 000 euros d'amende et de cinq ans d'emprisonnement.
Reporters sans frontières dénonce les méthodes utilisées à l'encontre du journaliste d'investigation Guillaume Dasquié, fondateur du site Geopolitique.com, placé en garde à vue, le 5 décembre 2007, et dont le domicile a été perquisitionné par le contre-espionnage français.
"L'irruption de policiers, à l'aube, au domicile d'un journaliste, suivie d'une perquisition de cinq heures et de son placement en garde à vue par le contre-espionnage, sont des procédés abusifs, inédits en France. On ne peut pas faire porter la responsabilité de fuites, au sein des services de renseignements ou d'un cabinet d'instruction, à un journaliste qui divulgue des documents méritant, en l'occurrence, d'être portés à la connaissance du public. Guillaume Dasquié a fait son métier. Il ne doit pas être traité ainsi", a déclaré l'organisation.
Le 5 décembre à 7 heures, six policiers de la Direction de la surveillance du territoire (DST) se sont présentés au domicile de Guillaume Dasquié, à Paris. Ils ont procédé à une perquisition jusqu'à 13 heures, puis ont conduit le journaliste dans les locaux de leur administration, où il est toujours détenu dans le cadre d'une garde à vue ne pouvant excéder 48 heures. Selon un proche du journaliste interrogé par Reporters sans frontières, les enquêteurs se sont comportés de manière "courtoise et professionnelle".
Au cours de la perquisition, le journaliste aurait été interrogé sur les sources qui lui ont permis de rendre publics des documents liés à l'affaire Borrel, du nom de ce magistrat français assassiné à Djibouti en 1995. Une enquête préliminaire avait été ouverte pour "violation du secret professionnel et du secret de l'instruction" et "recel", le 10 novembre 2006, par le parquet de Paris, contre Geopolitique.com. Le directeur du site, Guillaume Dasquié, avait été interrogé le même jour, pendant deux heures, par la brigade d'enquête des atteintes aux personnes. Un enquêteur l'avait questionné sur l'origine des documents de la Direction centrale des renseignements généraux (DCRG) publiés par son site, détaillant "des affaires" dans lesquelles le président djiboutien, Ismaël Omar Guelleh, aurait été impliqué avant son accession à la tête de l'Etat et sur sa possible implication dans l'assassinat du magistrat français.
Les enquêteurs se seraient également intéressés à un article publié par Le Monde, le 16 avril 2007, intitulé "11 septembre : les Français en savaient long", citant un rapport "confidentiel-défense" à "usage strictement national" de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), datant des années 2000 et 2001, détaillant l'état des connaissances des services secrets français sur la nébuleuse Al-Qaïda.