Poursuivi suite à une plainte du groupe Renault pour espionnage industriel, Bruno Thomas a passé quarante-huit heures en garde à vue. "La mise en examen du journaliste pour cinq chefs d'accusation est un prétexte utilisé par la justice pour l'obliger à dévoiler ses sources", a déclaré Reporters sans frontières.
Le 17 juillet 2008, après quarante-huit heures de garde à vue,
Bruno Thomas, journaliste du magazine
Auto Plus, a été mis en examen. Poursuivi suite à une plainte du groupe Renault pour espionnage industriel, cinq chefs d'accusation ont été retenus contre lui.
“La détention au secret de Bruno Thomas pendant quarante-huit heures est scandaleuse. La mise en examen du journaliste pour cinq chefs d'accusation est un prétexte utilisé par la justice pour l'obliger à dévoiler ses sources. Une fois encore ce principe fondamental du journalisme est bafoué”, a déclaré Reporters sans frontières.
Bruno Thomas a passé quarante-huit heures en garde à vue après avoir assisté à la perquisition de son bureau à la rédaction du magazine
Auto Plus dans le 15e arrondissement de Paris. À plusieurs reprises, Reporters sans frontières a contacté la police judiciaire de Versailles qui a même refusé de communiquer le lieu de détention du journaliste.
Déféré dans la matinée du 17 juillet devant le parquet de Versailles, Bruno Thomas a été mis en examen pour “recel d'abus de confiance”, “contrefaçon par édition ou reproduction d'écrit, de dessin, ou toute autre production au mépris des lois et règlements relatifs à la propriété de son auteur et recel”, “contrefaçon par diffusion d'oeuvre de l'esprit au mépris des droits d'auteurs et recel”, “acquiescement aux sollicitations de corruption et complicité de ce chef”, “révélation du secret de fabrique et recel”.
Pour Laurent Chiapello, directeur de rédaction d'
Auto Plus, ces “chefs d'accusation paraissent un peu irréalistes pour des journalistes. Il va falloir que l'on s'entende bien pour savoir ce qu'est aujourd'hui le journalisme en France.”
Libéré vers 11 h, Bruno Thomas a été placé sous contrôle judiciaire. “Un contrôle léger : il a le droit de tout faire sauf de communiquer avec des gens de chez Renault et avec leurs fournisseurs”, a déclaré Laurent Chiapello.
Dans un communiqué publié le 16 juillet 2008, le groupe Renault a rappelé que le groupe a porté plainte contre X et “non contre des personnes dénommées ou contre le magazine”. Ne se prononçant pas sur le placement en garde à vue de Bruno Thomas, le directeur juridique de Renault poursuit : “ Pour le reste, nous nous en remettons à la justice quant à la manière de mener l'instruction.”
Lire le communiqué du 16 juillet 2008