La liberté de ton des journalistes a fortement diminué ces dernières années au Bénin. Le paysage médiatique du pays est diversifié, mais marqué par l’absence de grandes entreprises de presse viables.
Paysage médiatique
À la faveur de la libéralisation de l’espace audiovisuel en 1997, le pays a connu un boom des chaînes de radio. Média préféré des Béninois, elles sont au moins 70 dans le pays. Il existe une quinzaine de chaînes de télévision opérant aux côtés des médias audiovisuels d’État, regroupés au sein de l’Office de radiodiffusion et télévision du Bénin (ORTB). Le Bénin compte une centaine de journaux, dont le quotidien d’État fondé en 1969 la Nation et d’autres titres privés, dont Le Matin, Le Matinal, Fraternité et La Nouvelle Tribune. Les sites d’information et l’Agence Bénin Presse (ABP) complètent le paysage médiatique, qui compte environ 320 médias.
Contexte politique
Dans un pays connu pour sa forte tradition de liberté d’expression datant des années 1990, la liberté de la presse a fortement reculé ces dernières années. Le pouvoir a une influence décisive sur la nomination des principaux responsables des médias d’État et de la Haute Autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC), organe de régulation. L’ORTB, et particulièrement la télévision, est contrainte de relayer la communication du régime alors que les médias proches de l’opposition sont soumis à de fortes pressions. De nombreux médias s’abstiennent de critiquer ouvertement le gouvernement afin d’éviter une fermeture par la HAAC. Les autorités influencent également le traitement de l’information au travers de contrats dits de partenariat, qui permettent aux médias d’être rémunérés pour couvrir les activités du gouvernement. Des notes de cadrage indiquent aux rédactions les angles à privilégier.
Cadre légal
La liberté de la presse est garantie par la Constitution du Bénin, révisée en 2019, et est protégée par la loi organique sur la HAAC. Le Code de l’information et de la communication, adopté en 2015, consacre les modalités d’exercice du métier de journaliste. Si ce texte a supprimé les peines privatives de liberté pour les délits de presse et garantit le droit d’accès aux sources publiques d’information, le cadre légal est régulièrement contourné pour s’attaquer aux journalistes. Depuis 2018, le Code du numérique est utilisé pour condamner ceux qui exercent en ligne. En 2023, un journaliste d’une radio en ligne a été accusé de "diffusion par voie électronique de fausses informations affectant la tranquillité publique et complicité de diffusion" et condamné à un an de prison avec sursis et à une amende de 300 euros, pour avoir diffusé une enquête sur des exécutions sommaires.
Contexte économique
Le paysage médiatique est marqué par l’absence de grandes entreprises de presse. La plupart des médias ne sont pas viables et sont confrontés à l’étroitesse du marché publicitaire. Le gouvernement utilise régulièrement son pouvoir sur l’attribution des contrats publicitaires pour en priver certains médias critiques. Si une convention collective est entrée en vigueur en 2017, elle n'est pas respectée et les journalistes vivent dans la précarité, ce qui les expose à la corruption et sape leur indépendance.
Société
En théorie, journalistes et médias sont libres de couvrir tous les sujets d’intérêts publics ; mais dans les faits, le pouvoir a, ces dernières années, renforcé son emprise sur le secteur. Depuis que Patrice Talon a accédé à la présidence en 2016, les journalistes ont un accès limité aux données relatives à la situation sécuritaire, aux déplacés internes et aux contrats miniers.
Sécurité
La dégradation de la situation dans le nord du pays, où plusieurs attaques terroristes ont eu lieu ces dernières années, a mené à des atteintes répétées à l’exercice du journalisme, telles que des arrestations, des détentions ou des expulsions. Entre 2022 et 2023, au moins sept journalistes en reportage ont ainsi été arrêtés dans le nord-ouest du pays.