Reporters sans frontières exprime sa révolte après que l'avocate de la famille de la journaliste assassinée Anna Politkovskaïa a été victime d'une apparente tentative d'empoisonnement au mercure sur le territoire français. "Cette histoire renvoie immanquablement aux autres affaires d'empoisonnements qui ont émaillé l'histoire récente de la dissidence russe" a déclaré l'organisation.
Reporters sans frontières exprime sa révolte après que l'avocate de la famille de la journaliste assassinée Anna Politkovskaïa a été victime d'une apparente tentative d'empoisonnement au mercure sur le territoire français. L'organisation demande aux autorités françaises de prendre la mesure de la gravité de ces faits, s'ils étaient confirmés par les expertises scientifiques en cours, de fournir une protection à la famille de la victime et de garantir qu'une enquête complète déterminera les responsabilités dans cette affaire.
"Cette histoire renvoie immanquablement aux autres affaires d'empoisonnements qui ont émaillé l'histoire récente de la dissidence russe. L'impunité dont ont, pour l'instant, bénéficié leurs auteurs aurait, bien évidemment, pu rendre possible le passage à l'acte d'autres criminels. Les autorités françaises doivent s'engager à tout mettre en œuvre pour que la justice et la police aient les moyens de faire la lumière sur cette affaire, identifient tous les responsables et les punissent conformément à la loi", a déclaré l'organisation.
Interrogée par Reporters sans frontières, Karina Moskalenko, avocate de la famille d'Anna Politkovskaïa, a affirmé que, le 12 octobre 2008, son mari avait découvert par hasard, alors qu'il nettoyait sa voiture, des billes d'un liquide argenté en grande quantité, semblable à du mercure, sous les tapis de sol. Alertée, la police a procédé à des examens préliminaires du véhicule et demandé une expertise scientifique plus poussée, dont les résultats devraient être connus "dans quelques jours". L'avocate a immédiatement porté plainte auprès de la police de Strasbourg, où elle réside avec son mari et ses enfants.
Karina Moskalenko et ses enfants ont subi des examens à l'hôpital de la ville, après qu'ils ont présenté "des symptômes d'empoisonnement". L'avocate a déclaré ne pas savoir depuis quand la substance toxique se trouvait dans sa voiture.
Elle ne souhaite pas s'exprimer davantage sur les éventuels responsables de cette tentative d'empoisonnement, tant que les résultats de l'enquête policière ne sont pas connus. "Je ne sais pas s'il s'agit d'une tentative pour m'intimider ou pour m'éliminer", a-t-elle déclaré à l'organisation. Elle a affirmé s'inquiéter pour la sécurité de ses enfants, tout en estimant qu'il existe "un lien" entre cette tentative d'empoisonnement et son activité professionnelle.
L'avocate représente la famille d'Anna Politkovskaïa, journaliste russe du bihebdomadaire privé Novaïa Gazeta, assassinée à Moscou le 7 octobre 2006. Elle devait se rendre à Moscou pour l'ouverture du procès au tribunal militaire de Moscou, le 15 octobre 2008.
Karina Moskalenko est également connue pour défendre les intérêts de Natalia Morar, une jeune journaliste moldave empêchée d'entrer en Russie depuis près d'un an, mais aussi de Mikhaïl Khodorkovski, l'ancien propriétaire de la société Youkos, ainsi que de nombreux citoyens russes portant plainte contre la Russie devant la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH).