Italie : le ministre de l’Intérieur menace de suspendre la protection policière du journaliste et écrivain Roberto Saviano
Le ministre de l'intérieur italien Matteo Salvini a déclaré envisager de suspendre la protection policière dont bénéficie le journaliste et écrivain Roberto Saviano, après que ce dernier a tenu des propos critiques sur la politique d'immigration du nouveau gouvernement. Reporters sans frontières (RSF) dénonce ces pressions exercées sur un journaliste menacé de mort depuis 2006.
La passe d’armes entre l’écrivain Roberto Saviano et le ministre de l’intérieur Matteo Salvini se poursuivait ce vendredi 22 juin. Le nouveau ministre italien de l’Intérieur, issu de l’extrême droite et l’auteur du célèbre livre sur la mafia “Gomorra” s’opposent par médias interposés depuis quelques jours, notamment sur la politique migratoire de l’Italie.
En réponse aux propos de l’écrivain, le ministre a déclaré vouloir évaluer “s’il court un risque quelconque” et envisage désormais de retirer l'escorte qui protège l'écrivain 24 heures sur 24 depuis douze ans.
L’organisation condamne fermement cette menace du ministre de l'Intérieur et apporte son soutien à ce journaliste courageux et obstiné qui incarne le courage des journalistes italiens, mais également le panache de tous ceux qui refusent de se plier au totalitarisme des gangs criminels. Roberto Saviano est membre du Conseil émérite de Reporters sans frontières.
“Vivre sous protection policière 24 heures sur 24 n’est pas un luxe, mais un drame au quotidien, déclare Pauline Adès-Mével, responsable de la zone UE-Balkans de RSF. Roberto Saviano, malgré les nombreuses menaces dont il fait l'objet, poursuit inlassablement sa mission d'information sur les organisations criminelles. En cela, il devrait bénéficier du soutien et de la protection inconditionnelle du gouvernement italien. Pratiquer le chantage sur un journaliste, cible des mafias parmi les plus dangereuses au monde, au prétexte que celui-ci n'est pas d'accord avec la politique du gouvernement, est non seulement irresponsable mais aussi dangereux”.
En Italie, enquêter sur un réseau mafieux ou un gang criminel fait souvent peser des risques mortels sur les journalistes. Une dizaine de reporters font aujourd’hui l’objet d’une protection renforcée et permanente par des policiers chargés d’assurer leur sécurité 24H/24 tandis que près de 200 journalistes italiens ont bénéficié d’une protection occasionnelle en 2017.
L’Italie occupe la 46e place au Classement de la liberté de la presse établi en 2018 par RSF