Cuba

Nom de domaine : .cu
Population : 11 126 700
Internautes : 240 000
Prix moyen d'une heure de connexion dans un cybercafé : 1,20 euro pour le réseau national - 4 euros pour le réseau international.
Salaire moyen : 12 euros
Nombre de fournisseurs d'accès privés : 0
Nombre de fournisseurs d'accès publics : 1
Nombre de blogueurs emprisonnés : 0
En février 2007, le ministre des Télécommunications cubain, Ramiro Valdés, affirmait qu'Internet était un "outil d'extermination global" qu'il fallait à tout prix contrôler. Quoi de plus aisé quand les connexions privées sont prohibées? Dès juin 1996, le gouvernement a introduit une loi spécifique à Internet. Le décret-loi 209 "Accès depuis la République de Cuba au réseau informatique global", précise que l'utilisation du Réseau ne peut se faire "en violation des principes moraux de la société cubaine ou des textes de loi du pays" et que les messages électroniques ne doivent pas "compromettre la sécurité nationale". Il précise également que l'accès à Internet est accordé en priorité "aux entités et institutions pouvant contribuer à la vie et au développement de la nation". Le Réseau est régulé par l'Agence cubaine de supervision et de contrôle, qui dépend du ministère de l'Informatique et des Communications (MIC). Elle gère les licences, les prix et l'accès à Internet sur l'île. La société ETEC SA, établie depuis 1995, est le seul fournisseur d'accès disponible. Afin de s'affranchir de la dépendance américaine, le gouvernement cubain a choisi de bénéficier des services d'entreprises étrangères. Telecom Italia est, par exemple, actionnaire à 29,3% d'ETEC SA. Le gouvernement s'est également tourné vers la Chine en passant des accords avec les entreprises ZTE et Huawei. Cette dernière a récupéré près de 40% du marché, en construisant le câble qui relie l'île d'est en ouest. Elle a également obtenu le chantier du câble sous-marin qui devrait relier Cuba au continent américain via le Venezuela. Le réseau cubain est l'un des plus pauvres au monde. Dans le centre de La Havane, on ne compte plus qu'un cybercafé disponible. Un "réseau parallèle" est né, qui permet d'avoir accès à une connexion privée via un ordinateur portable en achetant les noms d'utilisateurs et les mots de passe de certains administrateurs autorisés ("administratores de red"). Mais ce trafic tendrait à disparaître car il ne garantit pas suffisamment l'anonymat et les autorités connaissent les acteurs de ce marché. Deux réseaux pour un contrôle Il existe un réseau "national" qui donne accès à une adresse électronique et permet d'envoyer des e-mails à l'étranger, mais pas de surfer sur Internet. Le régime s'assure qu'aucun "message subversif" n'est transmis. La police cubaine a installé des logiciels déclenchant des messages d'alerte et filtrant certains mot clés sur les ordinateurs des hôtels et ceux des cybercafés. La connexion au réseau "international", qui coûte trois fois plus cher, permet d'accéder aux sites d'informations étrangers comme ceux de la BBC, du Monde, du Nuevo Herald (quotidien hispanophone de Miami). Mais si l'on tape "google.fr", on est redirigé vers les pages du journal officiel de Cuba (Granma) ou de l'agence de presse Prensa Latina. Cette version du Web est majoritairement utilisée par les étrangers et les journalistes officiels, dans les hôtels de luxe et les "business centers". Le prix de la connexion varie entre 6 et 12 dollars de l'heure. Les ambassades étrangères permettent également parfois à des dissidents d'avoir accès à Internet en mettant des ordinateurs à leur disposition. Mais elles seraient victimes d'interférences satellitaires, qui ralentissent leur connexion. Le gouvernement mise sur la dissuasion pour contrôler les contenus disponibles en ligne. À Cuba, un internaute risque jusqu'à vingt ans de prison pour avoir publié un article "contre-révolutionnaire" sur des sites étrangers et cinq ans de prison pour s'être connecté au Net de manière illégale. Il est également interdit d'acheter du matériel informatique sans autorisation. C'est, entre autres, pour cette raison que le taux d'équipement de l'île est l'un des plus faibles au monde. Depuis 2004, le gouvernement a décidé d'investir plus de trente millions d'euros pour développer l'accès au Réseau à travers la mise en place du plan "Conectividad para todos" ("Connexion pour tous"). La connexion privée demeure toutefois compliquée, les Cubains qui veulent accéder à Internet devant fournir "une raison valable" pour être reliés au Réseau. 23 journalistes emprisonnés Guillermo Fariñas, surnommé "El Coco", directeur de l'agence de presse indépendante Cubanacán Press, a entamé, en février 2006, une grève de la faim pour demander que tous les Cubains aient accès à un "Internet libre". Les autorités ont dû l'hospitaliser de force et le mettre sous perfusion pour entraver son action, qui trouvait un écho au sein des médias internationaux. "El Coco" n'a mis un terme à sa grève de la faim que le 31 août suivant, après avoir frôlé la mort et perdu 15 kilos. Il continue aujourd'hui son travail au sein de Cubanacán et il est devenu l'une voix les plus écoutées parmi les journalistes de l'opposition cubaine. Cubanacán, fondée en 2003, est l'agence de presse indépendante la plus importante de la nouvelle génération de journalistes cubains. Aucun des 17 reporters qui y collaborent n'a la possibilité d'utiliser Internet ou un fax pour envoyer ses articles à l'étranger. Les textes sont le plus souvent dictés à partir d'un téléphone public. Les tarifs de communication étant très élevés, ces appels sont habituellement passés en PCV. Les autorités sont très répressives envers les journalistes qui se servent d'Internet de manière "contre-révolutionnaire". Le 13 avril 2007, Oscar Sánchez Madan, correspondant du site Cubanet, a été condamné à quatre ans de prison pour "dangerosité sociale prédélictueuse". Selon cette disposition du code pénal cubain, tout citoyen, même s'il n'a commis aucun délit, est passible d'incarcération au nom de la menace supposée qu'il représenterait pour la société. Un autre correspondant de Cubanet, Alberto Gil Triay Casales, a été condamné, en novembre 2005 à sept ans de prison pour "propagande subversive". Les internautes savent ce qu'ils risquent. Mais la nouvelle génération d'étudiants, très familière avec le Web et les blogs, contribue à desserrer quelque peu l'étau qui existe autour de la liberté d'expression sur le Web. En janvier 2008, 200 étudiants de la faculté des Sciences Informatiques (UCI) de La Havane ont critiqué la politique intérieure du pays devant Ricardo Alarcon, le président de l'Assemblée nationale cubaine. La BBC en a diffusé un enregistrement, qui a circulé très vite sur le Web, suscitant de vives réactions au sein de la blogosphère. Cependant, très peu de Cubains ont pu voir cet enregistrement car il n'est pas possible de télécharger des vidéos. Le blog "Generacion Y" connaît notamment un franc succès. Près de 26% de ses lecteurs sont Cubains. Animé par Yoani Sanchez, 32 ans, il avoisine les 800 000 pages lues par mois. Liens http://www.cubanet.org : site d'un journaliste indépendant à Cuba (anglais et espagnol)
http://www.desdecuba.com/generaciony (Generacion Y) : blog de Yoani Sanchez de La Havane qui fait état de la polémique sur la vidéo tournée à l'UCI (espagnol)
http://www.granma.cu : site du quotidien officiel Granma (français, anglais, espagnol)
http://www.prensa-latina.cu/ : site de l'agence de presse du gouvernement (anglais, espagnol, russe, turc, italien, portugais)
Publié le
Updated on 20.01.2016