L'exil forcé du journaliste José Luis Tan Estrada, symbole de la répression croissante de la presse à Cuba

Après des années de harcèlement, de surveillance et de menaces constantes de la part de la sécurité de l'État en raison de ses reportages, le journaliste indépendant José Luis Tan Estrada a été contraint de quitter le pays. Reporters sans frontières (RSF) demande instamment à la communauté internationale d'agir pour que les professionnels de l’information puissent travailler en sécurité dans leur pays.

“L'exil contraint de José Luis Tan Estrada est un nouvel exemple de la répression systématique du journalisme indépendant à Cuba. Cette escalade du harcèlement à l'encontre de ceux qui tentent d'informer librement et indépendamment est inacceptable. RSF demande des garanties réelles pour la protection des journalistes sur l'île et l'arrêt immédiat des persécutions.

Artur Romeu
Directeur du bureau Amérique latine de RSF

De la répression à l’exil, la trajectoire de José Luis Tan Estrada illustre les pressions et violences commises sur les journalistes jusqu’à les contraindre au départ. Rien qu’en 2024, le journaliste qui collabore avec divers médias indépendants, tels que La Hora de CubaDiario de CubaYucaByte et Martí Noticias, est arrêté à plusieurs reprises. En avril, alors qu'il se rendait en bus à La Havane, la capitale de Cuba, il est interpellé et détenu cinq jours  au secret et dans des conditions inhumaines à Villa Marista, le principal centre de détention de la sûreté de l'État du pays. Accusé de “mercenariat” et de “fausses informations”, il est soumis à des interrogatoires quotidiens et contraint de payer une amende de 4 000 pesos cubains (environ 166 dollars américains). En octobre dernier, il est de nouveau enfermé à Camagüey, une ville du centre de Cuba, et contraint de débourser 3 000 pesos cubains (environ 124 dollars)  d’amendes. Celui qui travaille toujours pour le média digital   Cubanet avait par ailleurs été démis de ses fonctions de professeur de journalisme en 2022 à l'université de Camagüey, après avoir exprimé des critiques à l'égard du gouvernement.

Face à cette répression continue, Tan Estrada a décidé de quitter Cuba en décembre dernier. A l’aéroport, il aurait été menacé par un fonctionnaire de l'immigration, lui déclarant qu'il subirait de “graves conséquences” s'il revenait. 

Échapper à la répression

Le cas de Tan Estrada reflète un modèle alarmant de répression qui pousse de nombreux journalistes indépendants à l'exil ces dernières années. RSF a documenté une série de départs forcés de journalistes travaillant pour des médias tels que El EstornudoPeriodismo de Barrio, Cubanet et El Toque. La plupart d’entre eux ont été victimes d’une série d’entraves allant de la surveillance, aux menaces et à des arrestations arbitraires. 

Ainsi, le 20 décembre dernier, Henry Constantín, directeur du magazine La Hora de Cuba et vice-président régional pour Cuba de l'Association interaméricaine de la presse (IAPA). Constantín, l’une des figures de proue du journalisme indépendant, a été arrêté par des agents de la Sécurité de l'État et a passé sept jours en prison. 

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