CSA, mesure vexatoire et inutile

Reporters sans frontières juge ridicule et désuète la décision prise par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) d’obliger les chaînes de télévision responsables de manquements à la rigueur de l’information à lire un communiqué administratif à l’antenne. « Cette forme de sanction nous ramène une quarantaine d’années en arrière. Elle n’apporte rien à une meilleure responsabilité des médias et a, au contraire, quelque chose de vexatoire, estime Reporters sans frontières. Elle constitue une surenchère dans la sanction d’erreurs. Le CSA devrait purement et simplement retirer une telle mesure qui n’a été appuyée par aucune décision de justice. » Récemment épinglées, les rédactions de TF1 et de Canal + se sont vu imposées la lecture d’un communiqué administratif au cours des émissions incriminées. Le CSA reproche à TF1 d’avoir accompagné un reportage sur la loi HADOPI d’images de l’hémicycle de l’Assemblée nationale plein, alors qu’en réalité seize députés étaient présents. Canal + est responsable, lors d’un reportage sur l’élection de l’EPAD, d’avoir diffusé des images sans rapport avec le vote. Alors que le CSA constate sur plusieurs chaînes « une augmentation préoccupante du nombre de manquements », Reporters sans frontières estime normal de sanctionner les médias qui manqueraient aux règles de déontologie. L’organisation souligne qu’il existe déjà un ensemble de mesures qui permettent de rappeler à l’ordre les rédactions de façon efficace. Lors du renouvellement des licences, le CSA établit des bilans sur le respect des critères d’attribution. Ces bilans constituent des audits publics et traduisent le professionnalisme et la crédibilité d’une antenne. L’organisation rappelle également que la plupart des rédactions, comme France 2 et France Inter, possèdent des médiateurs qui dialoguent avec le public, rendent compte des erreurs commises par leurs rédactions et formulent des corrections à l’antenne. France 2 a un site Internet dédié : http://info.france2.fr/mediateur/. « Imposer la présence systématique d’un médiateur nous semble une mesure autrement plus productive », affirme Reporters sans frontières. Les rédactions de TF1, France 2 et France 3 ont protesté contre la décision du CSA, dénonçant une atteinte grave à la liberté d’expression.
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Updated on 20.01.2016