Attentat contre les bureaux de Corse-Matin à Bastia

Reporters sans frontières condamne fermement l’attentat qui a visé les locaux du quotidien Corse-Matin à Bastia, dans la nuit du 25 au 26 mai 2011. « Cette manœuvre d’intimidation est criminelle, imbécile, et très préoccupante. Le début d’incendie créé par l’explosion aurait pu se propager et faire des victimes. Nous espérons que l’enquête sera en mesure de progresser rapidement pour identifier les responsables de cet attentat », a déclaré l’organisation. D’après les premiers éléments de l’enquête, deux déflagrations ont retenti peu après 1h du matin. Une bombe artisanale, fabriquée à partir d’une bonbonne de gaz, avait été placée devant la porte d’entrée. Elle n’a pas fait de blessés, mais a endommagé la boîte aux lettres, la porte vitrée, et une partie du hall d’entrée. Un début d’incendie a rapidement été maîtrisé. Jointe au téléphone par Reporters sans frontières, Paule Casanova, journaliste du quotidien, relève que « cet attentat intervient dans un contexte social tendu en Corse : il y a aujourd’hui un mot d’ordre de grève générale du Syndicat des travailleurs corses (STC), en soutien avec les personnels des hôpitaux et de l’Agence régionale de santé (ARS) touchés depuis deux semaines par un [important mouvement social, ndlr]. Notre centre d’impression à Bastia est également concerné, de sorte que Corse-Matin n’a pas pu sortir aujourd’hui. Il n’y a cependant aucun lien de cause à effet avec l’explosion devant nos locaux, et il est a priori impossible d’établir un rapport entre les deux. » L’attentat n’a pour l’instant donné lieu à aucune revendication. D’après la journaliste, aucune menace ou avertissement particulier n’avait été reçu par la rédaction ces derniers temps. « Comme tous les journalistes, nous faisons l’objet de certaines pressions, mais il est rare qu’on en arrive à de telles extrémités. L’aspect artisanal, peu professionnel de cet attentat est également inhabituel », a souligné Mme Casanova. L’ensemble de la direction du journal s’est rendu à Bastia aujourd’hui pour constater les dégâts. Reporters sans frontières souhaite exprimer sa solidarité avec la rédaction, et se joint aux nombreuses manifestations de soutien que celle-ci reçoit en ce moment. « Il est insupportable que l’exercice du journalisme en Corse continue régulièrement de se heurter à de telles pressions », a conclu l’organisation. Le 26 août 2009, le véhicule du journaliste Enrico Porsia, collaborateur du site www.amnistia.net, avait fait l’objet d’un attentat à l’explosif. Les locaux de Corse-Matin, à Bastia comme à Ajaccio, avaient fait l’objet de plusieurs attentats similaires dans les années 90. (Photos: Joseph Franchi)
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Updated on 20.01.2016