L’une des réussites du continent africain en matière de liberté de la presse, avec un paysage médiatique dynamique, professionnel et pluraliste, le Burkina Faso a connu une transition post-Blaise Compaoré sans répression majeure des médias. Mais certaines mesures sont venues, ces dernières années, entacher ce bilan positif. Ainsi, en 2019, l'Assemblée nationale a adopté un amendement du Code pénal qui sanctionne lourdement les infractions de « fausses informations » et certaines publications sur les forces de sécurité. En plus de permettre à l’État d’exercer un contrôle très strict sur l’information, cet amendement introduit des restrictions extrêmement graves à la liberté d’informer, car il permet d'imposer de fortes amendes à des médias couvrant de façon critique et objective la lutte contre le terrorisme par les forces armées nationales, qui demeure un exercice périlleux. Plus récemment, la diffamation a été dépénalisée, mais si elle ne conduit plus à des peines d'emprisonnement, elle reste passible de lourdes amendes pouvant entraîner la fermeture pure et simple des médias concernés. Et en 2020, la pression s’est accentuée sur les journalistes, comme le rapporte l’Association des journalistes du Burkina (AJB), qui a comptabilisé pas moins de six attaques ou intimidations contre des reporters.
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