La mise sous scellés d'une imprimerie prive le pays de trois journaux d'opposition. Un autre n'a pu paraître depuis deux semaines pour des raisons similaires. Ces incidents interviennent après l'agression de Rajabi Mirzo, rédacteur en chef de Ruzi Nav, et des menaces répétées à l'encontre de la journaliste indépendante Mavluda Sultonzoda.
La police fiscale a fermé et mis sous scellés l'imprimerie privée Jiyonkhon, le 18 août 2004, empêchant la fabrication de trois journaux indépendants. Le 16 août, l'imprimerie d'Etat Sanadvora a refusé de mettre sous presse le journal d'opposition Odamu Olam. Ces incidents interviennent après l'agression de Rajabi Mirzo, rédacteur en chef de Ruzi Nav, et des menaces répétées à l'encontre de la journaliste indépendante Mavluda Sultonzoda.
Reporters sans frontières s'inquiète d'une "nette dégradation de la liberté de la presse à l'approche d'échéances électorales. Les moyens les plus divers sont utilisés pour faire taire les rares voix indépendantes". L'organisation a demandé au président Emomali Rakhmonov de "s'assurer que l'agresseur de Rajabi Mirzo ne bénéficiera d'aucune impunité et que les procédures administratives ne servent pas de prétextes fallacieux pour bâillonner la presse".
L'imprimerie privée Jiyonkhon a été fermée avant le tirage de l'hebdomadaire indépendant Nerui Sukhan. Selon l'administration fiscale, Jiyonkhon imprimerait une quantité de papier supérieure à celle inscrite dans ses statuts. Elle restera fermée jusqu'à ce que l'affaire soit résolue.
Jiyonkhon est la seule imprimerie du pays qui accepte d'imprimer les trois hebdomadaires d'opposition Nerui Sukhan, Ruzi Nav et Najot (journal du parti d'opposition Renaissance islamiste). La décision de l'administration fiscale prive donc le pays de trois publications indépendantes jusqu'à nouvel ordre.
Par ailleurs, le 16 août, l'imprimerie d'Etat Sanadvora a refusé de publier l'hebdomadaire d'opposition Odamu Olam, rompant ainsi le contrat qui liait les deux parties. Depuis, le journal n'a pu paraître, toutes les imprimeries du pays refusant de le mettre sous presse.
Ces mesures interviennent alors que les conditions de travail des journalistes se détériorent.
Le 3 août, Mavluda Sultonzoda, journaliste pour les hebdomadaires d'opposition Ruzi Nav et Nerui Sukhan, avait reçu des menaces par téléphone, suite à un article intitulé "Qui est Rakhmonov ?", dans lequel elle critiquait le président Rakhmonov et son gouvernement. Selon la journaliste, elle fait l'objet de menaces depuis
décembre 2003. Mais, pour la première fois, celles-ci étaient également dirigées contre sa famille.
Quatre jours auparavant, le 29 juillet, Rajabi Mirzo, rédacteur en chef de Ruzi Nav, a été agressé à Douchanbé. Selon des témoins, un inconnu l'a attendu plusieurs heures à un arrêt de bus sur l'avenue Profsoyuz. Le journaliste rentrait chez lui lorsque l'inconnu l'a frappé à la tête avec un objet contondant avant de prendre la fuite. Selon Rajabi Mirzo, cette agression est liée à ses articles dénonçant la corruption du gouvernement. Une enquête du parquet de Douchanbé est en cours.