Wendy Guerra retrouve son poste de présentatrice
Reporters sans frontières condamne les pressions politiques qui ont conduit au licenciement, le 24 avril 2006, de Wendy Guerra, présentatrice d'un programme d'investigation sur la chaîne locale Canal 49.
Présentatrice du programme “Denuncias 49“ sur la chaîne locale Canal 49 à Santa Rosa de Copán (Ouest), Wendy Guerra a été brutalement débarquée de l'antenne le 24 avril 2006. Reporters sans frontières condamne les menaces dirigées contre la journaliste et les pressions politiques qui ont motivé cette décision. “Qu'un média mette fin au contrat qui le liait à l'un de ses collaborateurs relève d'un choix interne qu'il ne nous appartient pas de mettre en cause. Qu'en revanche, la direction d'un média s'abstienne de défendre une de ses journalistes victime de menaces et cède aussi grossièrement à la pression politique extérieure en dit long sur sa conception de la liberté de la presse. Nous condamnons cette solidarité politique partisane qui a conduit à l'éviction de Wendy Guerra”, a déclaré Reporters sans frontières. Wendy Guerra travaillait depuis deux ans au sein de Canal 49, à la fois en tant que reporter et présentatrice du programme d'investigation “Denuncias 49“. Au début du mois d'avril, elle avait fait état de l'opposition de conseillers municipaux de Santa Rosa de Copán à un projet d'infrastructure sportive pour les jeunes. Lors d'une séance publique, trois des dix conseillers de la municipalité avaient voté contre le projet. Après la diffusion du reportage, la journaliste s'était plainte de pressions et d'intimidations constantes de la part des trois élus concernés. Le 24 avril, le propriétaire de Canal 49, Amid Cárdenas, a annoncé à Wendy Guerra sa mise à l'écart du journal télévisé et la suppression du programme “Denuncias 49“. Ancien député du Parti libéral (au pouvoir dans le pays et majoritaire à la municipalité de Santa Rosa de Copán), Amid Cárdenas a motivé sa décision en expliquant que les révélations de Wendy Guerra lui “créaient des problèmes avec des amis du Parti” et qu'il ne voulait pas qu'on “dise du mal sur ma chaîne du gouvernement de Mel (surnom de Manuel Zelaya, président du Honduras) parce que c'est un ami et qu'on ne va plus me donner de publicité“, selon la version transmise par la journaliste à l'organisation C-Libre, Comité por la Libre Expresión. Avant de remercier oralement Wendy Guerra, Amid Cárdenas avait rédigé une note justifiant sa décision et qu'il avait envoyée aux trois élus. “Comme pour leur dire : vous voyez, j'ai résolu le problème“, a confié, amère, Wendy Guerra à C-Libre.