Wang Xiaoning libéré, la Chine reste la plus grande prison du monde pour les net-citoyens
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Reporters sans frontières prend acte de la libération, le 31 août 2012, du cyberdissident Wang Xiaoning : “Nous sommes soulagés de savoir Wang Xiaoning enfin libre, et nous partageons la joie de ses proches. Cependant, nous rappelons que le net-citoyen a purgé l’intégralité de sa peine et qu’il ne s’agit donc, en aucun cas, d’une mesure de clémence de la part des autorités chinoises. Nous demandons à ces dernières de permettre à Wang Xiaoning de mener une vie normale, en lui épargnant la surveillance et les intimidations auxquelles de nombreux dissidents sont soumis après leur sortie de prison”.
“Nous réitérons notre appel à la libération des 67 net-citoyens et 30 journalistes toujours emprisonnés dans le pays pour leurs activités d’information”, a ajouté l’organisation. “En particulier, nous tenons à attirer l’attention sur le cas de Chen Pingfu, dont le procès devrait s’ouvrir le 5 septembre prochain. Les charges retenues à son encontre doivent être abandonnées et le dissident remis en liberté au plus vite”.
“Quant aux dirigeants de Yahoo!, ils auraient tout intérêt à communiquer de manière plus transparente sur la manière dont ils gèrent aujourd’hui les demandes de données personnelles par les autorités chinoises, et sur les autres cas potentiels de collaboration avec les censeurs chinois, qui n’auraient pas encore été rendus publics. Il nous semble également crucial que l’entreprise fasse usage de son influence en Chine pour faciliter une libération anticipée du journaliste et cyber-dissident Shi Tao”.
Wang Xiaoning avait été arrêté, le 1er septembre 2002, puis condamné, le 12 septembre 2003, à dix ans de prison et deux ans de privation de ses droits civiques, pour "incitation à la subversion du pouvoir de l’Etat". Il était accusé d’avoir publié, sur des journaux en ligne, et distribué par e-mail, entre 2000 et 2002, des articles dans lesquels il s’exprimait en faveur de la démocratie.
Son verdict, publié par Human Rights in China, mentionne plusieurs de ces articles, dont l’un d’entre eux intitulé “N’oubliez jamais que la Chine est toujours une dictature”. Ce document indique que des informations fournies par la branche hongkongaise de Yahoo ! ont aidé à établir un lien entre Wang Xiaoning et un groupe de discussion Yahoo!. Il précise que les modérateurs de ce groupe, hébergé par Yahoo!, avaient décidé d’exclure le cyberdissident du forum.
L’entreprise américaine Yahoo! a fourni des renseignements ayant permis aux autorités chinoises d’arrêter au moins quatre cyberdissidents depuis 2002, dont Wang Xiaoning. Parmi eux, seul le journaliste et dissident Shi Tao, condamné à dix ans de prison en 2005 pour avoir publié des articles "subversifs" sur Internet, reste derrière les barreaux. Li Zhi, libéré en 2011, avait écopé d’une peine de 8 ans de prison et Jiang Lijun a été relâché en 2006, au terme de quatre années d’enfermement.
Les proches de Shi Tao et de Wang Xiaoning avaient lancé une procédure judiciaire contre Yahoo! en 2007. Un règlement à l’amiable avait alors finalement été trouvé et un fonds spécial d’aide aux cyberdissidents chinois mis en place par la société américaine. Yahoo! a également rejoint le Global Network Initiative et adopté un code de conduite destiné à améliorer le respect de la liberté d’expression lors de ses opérations dans des pays peu respectueux des droits de l’homme. Suite à l’affaire Shi Tao, le Congrès américain a organisé une série d’auditions et convoqué les dirigeants de Yahoo!, Google, Microsoft et Cisco Systems. Une proposition de loi, le Global Online Freedom Act, a été introduit à la Chambre des Représentants américaine afin d’encadrer les entreprises américaines qui collaborent avec des régimes répressifs.
Le blogueur Chen Pingfu, dont le procès devrait s’ouvrir le 5 septembre 2012, est lui aussi accusé du crime d’“incitation à la subversion du pouvoir de l’Etat”. Il est assigné à résidence depuis avril 2012, par décision du Bureau de la sécurité public du Comté de Dulan, pour avoir critiqué la politique de son pays dans plusieurs articles.
La Cour municipale de Lanzhou qui a examiné la plainte, estime que le net-citoyen est l’auteur de plus de trente articles, de juillet 2007 à mars 2012, sur les plateformes Wangyi, Baidu, Souhu, Shiguang (MTime), Xinlang (Sina), Tianya, etc., portant sur différents courants politiques chinois. Qualifiant ses propos de “subversifs”, la Cour a considéré que ces écrits et réflexions représentaient des “attaques contre le Parti et le gouvernement”. Le cyber-dissident aurait ainsi “offensé la République populaire de Chine”, en tenant un discours “diffamant” à l’encontre du régime et du système socialiste.
A l’heure actuelle, le blogueur, à la santé fragile, ne dispose pas des moyens financiers nécessaires afin de faire appel à un avocat. Un appel a été lancé par un blog de l'ONG Chinese Human Right Defenders, pour lui fournir un avocat.
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Updated on
20.01.2016