#Chine : cinq ans après avoir révélé le déclenchement de la pandémie de Covid-19, Zhang Zhan risque de mourir en détention
Il y a cinq ans, la journaliste chinoise Zhang Zhan documentait le début de la crise du Covid-19. Reporters sans frontières (RSF) appelle à la libération immédiate de cette héroïne de l'information qui a alerté le monde sur la pandémie, et qui, en grève de la faim pour dénoncer l’injustice qu’elle subit, risque de mourir en détention.
Début février 2020, la journaliste chinoise Zhang Zhan découvre des rumeurs sur la propagation d’une maladie inconnue qui cause la mort de nombreux habitants de la ville de Wuhan, dans le centre-est de la Chine. Malgré le risque de contagion, elle parcourt 850 km pour couvrir la situation sur le terrain, au cœur de ce qui deviendra l’une des pandémies les plus meurtrières de l’histoire moderne. Dans sa tentative de dissimuler l’ampleur de la pandémie et sa propre responsabilité, le régime chinois arrête puis condamne la journaliste à quatre ans de prison.
Cinq ans plus tard — après avoir purgé une première peine de prison injuste — Zhang Zhan est de nouveau détenue, arrêtée quelques semaines seulement après avoir partagé sur les réseaux sociaux des informations sur le harcèlement par le régime chinois de défenseurs des droits humains. De retour derrière les barreaux depuis août 2024, elle a récemment entamé une nouvelle grève de la faim pour protester contre les mauvais traitements qui lui sont infligés par le régime. Selon les informations de RSF, Zhang Zhan — déjà très affaiblie avant ces derniers mois d’enfermement — est actuellement nourrie de force par les autorités pénitentiaires.
"Zhang Zhan devrait être célébrée pour avoir alerté la communauté internationale sur la pandémie de Covid19. Au lieu de cela, elle subit encore la répression du régime chinois et lutte pour sa liberté et sa survie en prison. Après quatre années d’emprisonnement injuste, elle risque aujourd’hui de ne pas surmonter sa une seconde incarcération. Il est plus urgent que jamais que la communauté diplomatique internationale fasse pression sur Pékin pour obtenir sa libération immédiate.
La journaliste qui a révélé l’affaire du COVID-19
Début 2020, Zhang Zhan s’est rendue à Wuhan pour couvrir l’épidémie de COVID-19, après avoir lu un message en ligne dans lequel un internaute disait être “laissé pour mort” par les autorités. Cela l’a poussée à enregistrer plus d’une centaine de vidéos montrant des hôpitaux débordés, des commerces vides et des familles de victimes harcelées par les autorités.
Dans ses reportages, qu’elle a partagés sur ses comptes YouTube, WeChat et Twitter, elle révèle également que les crématoriums fonctionnent jour et nuit, alors même que les médias d’État affirment que la situation est sous contrôle et que les autorités tentent d’étouffer l’affaire.
En mai 2020, elle disparaît mystérieusement avant que les autorités ne confirment sa détention. Son acte d’accusation l’accuse d’avoir diffusé de “grandes quantités de fausses informations”. En 2021, elle est condamnée à quatre ans de prison par un tribunal de Shanghai pour provocation de “querelles et de troubles”.
Lauréate du Prix RSF de la liberté de la presse
Tout au long de sa détention, RSF a fait campagne pour obtenir sa libération et a dénoncé les mauvais traitements dont elle a été victime en prison. Au cours de ses premiers mois de détention, Zhang Zhan, lauréate du Prix RSF de la liberté de la presse 2021, a failli mourir après avoir entamé une grève de la faim totale pour protester contre son incarcération. Les autorités pénitentiaires l’avaient alors nourrie de force à l’aide d’une sonde nasale et l’ont parfois laissée menottée des journées entières.
Classée 172e sur 180 pays et territoires dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2024, la Chine est la plus grande prison au monde pour les journalistes et les défenseurs de la liberté de la presse, avec au moins 124 d’entre eux actuellement emprisonnés.