Chine : le documentariste Chen Pinlin condamné à trois ans et demi de prison pour avoir couvert des manifestations historiques contre la censure

Reporters sans frontières (RSF) dénonce la condamnation à trois ans et demi de prison de Chen Pinlin et appelle à la libération de ce documentariste, reconnu coupable par le régime d’avoir “attisé des querelles et provoqué des troubles”, pour avoir réalisé un documentaire sur les manifestations des “feuilles blanches" de 2022, dénonçant la censure et les abus du régime chinois.

Le 6 janvier 2025, le documentariste chinois Chen Pinlin, également connu sous le nom de Plato, a été condamné à une peine de trois ans et demi de prison par un tribunal de la ville de Shanghai, dans l’est de la Chine. À l'issue d'un procès tenu à huis clos, le documentariste âgé de 33 ans a été reconnu coupable d’avoir “attisé des querelles et provoqué des troubles”, pour avoir réalisé un documentaire sur le mouvement de protestation pacifique des “feuilles blanches” qui s’est propagé à travers la Chine fin 2022. 

Chen Pinlin avait été arrêté par la police de Shanghai en novembre 2023 à la suite de la mise en ligne de son documentaire, intitulé Urumqi Middle Road. Ce film retrace les manifestations, nées, à l’origine, en réaction aux restrictions de la politique anti-Covid-19, au cours desquelles les manifestants ont commencé à brandir des feuilles de papier vierges pour dénoncer la censure et les abus du régime. Diffusé sur YouTube et X, deux plateformes interdites en Chine, le documentaire met également en lumière la violente répression policière qui a suivi ces manifestations, les plus importantes depuis Tiananmen en 1989.

“Le documentariste Chen Pinlin n'a fait que servir l'intérêt du public en couvrant des manifestations historiques d’opposition à la censure et aux abus du régime chinois. En le taxant de fauteur de troubles, Pékin affiche son mépris total pour le droit à l’information. Nous appelons la communauté internationale à accroître la pression sur le régime chinois pour obtenir la libération de Chen Pinlin et celle des 123 autres journalistes et défenseurs de la liberté de la presse détenus dans le pays.

Cédric Alviani
Directeur du bureau Asie-Pacifique de RSF

En Chine, les journalistes indépendants qui s’attaquent à des sujets sensibles s’exposent régulièrement à des accusations de “provocation de querelles et de troubles”. La journaliste Zhang Zhancondamnée en 2020 à quatre ans de prison pour avoir couvert l’épidémie de Covid-19, en est un exemple emblématique. Libérée en mai 2024, elle est aujourd’hui de nouveau détenue sous le même chef d’accusation, cette fois-ci pour avoir diffusé sur les réseaux sociaux des informations sur le harcèlement d'activistes en Chine.

Depuis son arrivée au pouvoir en 2012, Xi Jinping a restauré une culture médiatique digne de l'ère maoïste, où chercher ou transmettre librement l’information est devenu un crime. Dans son rapport Le grand bond en arrière du journalisme en Chine publié en décembre 2021, RSF révélait déjà les efforts du régime pour contrôler l’information et les médias, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de ses frontières. 

Classée 172e sur 180 pays et territoires dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2024, la Chine est la plus grande prison au monde pour les journalistes et les défenseurs de la liberté de la presse, avec au moins 124 d’entre eux actuellement emprisonnés.

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