Vietnam : RSF demande la libération du journaliste indépendant Mai Phan Loi

Ancien responsable d’une revue juridique officielle, le journaliste s’est attaché, depuis cinq ans, à apporter une information indépendante et fiable à ses concitoyens sur les questions économiques, sociales et environnementales. Reporters sans frontières (RSF) exige sa libération immédiate et l’abandon des charges qui pèsent sur lui.

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Actualisation - 12 janvier 2022

   

Le 11 janvier 2022, le tribunal populaire de Hanoi a condamné le journaliste Mai Phan Loi à une peine de quatre ans de prison pour "fraude fiscale". Le tribunal a également exigé le remboursement du montant de cette “fraude”, qu’il estime à environ 2 milliards de dongs. RSF demande la libération immédiate et inconditionnelle de l’ancien rédacteur en chef de la revue juridique Phap Luât, qui a injustement passé plus de 200 jours derrière les barreaux. 

   

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Le mandat d’arrêt est extrêmement vague. La police de Hanoi a annoncé, le 2 juillet dernier, l'interpellation de Mai Phan Loi à son domicile de Hanoi, pour “évasion fiscale”, en vertu de l’article 200 du code pénal, qui prévoit jusqu’à sept ans de prison. Il avait été appréhendé le 24 juin. L’acte d’accusation ne précise ni la nature des actes incriminés, ni le montant des fonds en question.


Mai Phan Loi s’est fait un nom sur la blogoshère vietnamienne à travers, notamment, une série d’entretiens qu’il a réalisés avec des experts des questions économiques, sociales et environnementales du pays.


Avant cela, il avait occupé le poste de chef du bureau de Hanoi de Phap Luât (“La loi”), une revue juridique contrôlée par l’Etat. Il y a cinq ans, le journaliste s’est vu refuser le renouvellement de sa carte de presse après qu’il eut mené une enquête sur les circonstances de la disparition mystérieuse, en juin 2016, du CASA 8983, un avion de reconnaissance de l’armée de l’air. 


“Ne nous y trompons pas : tout porte à croire que l’accusation de fraude fiscale portée à l’encontre de Mai Phan Loi n’est qu’un prétexte pour faire taire un journaliste qui tentait d’exercer pleinement sa mission d'informer ses concitoyens, remarque le responsable du bureau Asie-pacifique de RSF, Daniel Bastard. Nous exigeons sa libération immédiate et l’abandon des charges qui pèsent contre lui, lesquelles semblent clairement fabriquées.”


Liberté éditoriale


C’est en effet pour le même chef d’accusation d’évasion fiscale que, le jour de l’arrestation de Mai Phan Loi, un autre expert des questions juridiques, Dang Dinh Bach, a été arrêté. 


En plus de son travail de journaliste, Mai Phan Loi s’était également fait un nom comme défenseur de la liberté éditoriale des médias vietnamiens. A ce titre, il avait été reçu en mai 2016, en compagnie de cinq autres représentants de la société civile, par le président états-unien de l’époque, Barack Obama, alors en visite à Hanoi.


Le nom de Mai Phan Loi vient s’ajouter à une liste grandissante de journalistes qui ont fait leurs armes dans la presse officielle, et qui ont ensuite été arrêtés pour avoir choisi de travailler de façon indépendante et libre. Depuis plus d’un an, une vague d’arrestations à visé plusieurs d’entre eux, parmi lesquels la lauréate du Prix RSF 2019, Pham Doan Trang


Le Vietnam se situe à la 175ème position sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2021. 

Publié le
Mise à jour le 12.01.2022