Vietnam : le site d'un journal officiel suspendu pour avoir diffusé de “fausses informations”
Les autorités vietnamiennes ont suspendu pour trois mois et sanctionné d’une amende le site du journal Tuoi Tre, pour avoir diffusé de “fausses informations”. Reporters sans frontières (RSF) condamne une atteinte flagrante à la liberté de la presse et s’inquiète de la répression qui s’applique désormais même aux médias proches du pouvoir.
Après les médias indépendants, le gouvernement vietnamien s’attaque aux médias officiels. Le ministère de l’Information et de la Communication a annoncé lundi 16 juillet la suspension pour trois mois du site d’information en vietnamien Tuoi Tre Online, la version web du principal journal pro-réformiste du pays, fondé dans les années 1970 par l'Union de la jeunesse communiste Hô Chi Minh. Il lui est également demandé de régler une amende à hauteur de 220 millions de dong (8215 euros).
Les autorités reprochent au journal en ligne d’avoir diffusé de fausses informations, notamment en accordant de “faux” propos au président Tran Dai Quang au sujet d’un éventuel projet de loi sur les manifestations dans un article publié le 19 juin, et de ne pas avoir modéré un commentaire de lecteur susceptible de menacer “l’unité nationale” sur un article traitant de la construction d’une autoroute. Elles ont également exigé du site de Tuoi Tre qu’il rectifie les articles en question et qu’il s’excuse publiquement.
“Après avoir fait la chasse aux médias et aux blogueurs indépendants, le Parti communiste vietnamien (PVC) pousse la censure encore plus loin en s’en prenant cette fois aux médias officiels, déclare le bureau Asie-Pacifique de RSF. Nous condamnons avec la plus grande fermeté cette nouvelle atteinte à la liberté de la presse, alors que le paysage médiatique traditionnel vietnamien est déjà soumis à un contrôle quasi-total du pouvoir et à l’auto-censure.”
Depuis le début du mois de juin 2018, des manifestations exceptionnelles secouent le Vietnam. Une des sources de la colère des Vietnamiens : une nouvelle loi contre la cybercriminalité, votée par le Parlement, qui renforce la surveillance sur les réseaux sociaux et qui risque d’avoir de terribles conséquences sur la liberté d’informer.
Le Vietnam stagne au fin fond du Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2018, à la 175e place sur 180 pays.