Démantèlement de l’agence des États-Unis pour les médias mondiaux : RSF alerte sur le sort de neuf de leurs journalistes détenus à l’étranger

À la suite des ordres de l'administration Trump de démanteler l’Agence des États-Unis pour les médias mondiaux (United States Agency for Global Media ou USAGM), Reporters sans frontières (RSF) alerte sur les risques encourus par les employés de l'agence à travers le monde, dont neuf journalistes actuellement emprisonnés à l'étranger pour leur travail. RSF appelle à une mobilisation immédiate de la communauté internationale pour obtenir leur libération et garantir la sécurité de l’ensemble des journalistes de l’USAGM opérant à travers le monde.

Par un décret publié le 14 mars 2025, le président américain Donald Trump a ordonné le démantèlement de l’USAGM, organisme fédéral supervisant plusieurs médias indépendants. Cette agence regroupe Voice of America (VOA), Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL) ou encore Radio Free Asia (RFA). Les employés ont reçu un courriel leur annonçant qu'ils étaient placés en congé administratif. 

Les médias de l'USAGM fournissent des informations indépendantes cruciales dans des environnements particulièrement hostiles à la liberté de la presse, tels que le Bélarus, le Cambodge, la Chine, la Corée du Nord, le Laos, la Russie et le Vietnam.

Le prix à payer pour cet engagement est élevé. À ce jour, neuf journalistes de l’USAGM sont incarcérés dans le monde : quatre au Vietnam, deux en Russie, un au Bélarus, un en Azerbaïdjan et un en Birmanie. Certains purgent des peines particulièrement sévères, à l’image d’Ihar Losik, collaborateur du service biélorusse de RFE/RLcondamné à quinze ans de prison dans une colonie pénitentiaire pour des accusations telles que “l’organisation d’émeutes de masse” et “incitation à la haine”.

“En mettant fin aux activités de l’USAGM et de ses médias, l’administration Trump envoie un signal désastreux  : les régimes autoritaires comme Pékin et Moscou ont désormais les mains libres pour imposer leur propagande sans entrave. Cette décision est d'autant plus scandaleuse qu'elle trahit l'engagement des neuf journalistes actuellement détenus pour leur collaboration avec l'agence et qu'elle laisse des milliers d’autres sans emploi dans le monde. Nous exhortons les autorités américaines, ainsi que la communauté internationale, à agir pour garantir la sécurité des journalistes. Ceux qui sont détenus doivent être libérés sans délai.

Thibaut Bruttin
RSF Director General

Plusieurs autres journalistes sont également réprimés pour avoir accordé des interviews à ces médias. C’est notamment le cas de la journaliste vietnamienne Pham Doan Trang, lauréate du prix RSF de la liberté de la presse 2019, qui purge une peine de neuf ans de prison pour “propagande contre l’État”, notamment pour avoir donné des entretiens au service vietnamien de RFA.

Les mesures prises par l’administration Trump s’inscrivent dans une série d’actions préoccupantes et de déclarations hostiles visant à remettre en question l’action de l’USAGM et de ses différentes antennes. Le mois dernier, Elon Musk, responsable du Département de l’efficacité gouvernementale, a appelé sur son réseau social X à la fermeture de VOA et de Radio Free Europe/Radio Liberty.

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