Vietnam : le journaliste indépendant Huy Duc condamné à deux ans et demi de prison

Reporters sans frontières (RSF) dénonce la condamnation à deux ans et demi de prison infligée au journaliste indépendant Huy Duc, reconnu coupable d’avoir “abusé des libertés démocratiques” – un chef d’inculpation couramment utilisé par le régime vietnamien pour réprimer les défenseurs de la liberté de la presse. Le régime vietnamien doit le libérer sans délai.
Ce jeudi 27 février 2025, un tribunal de Hanoï a condamné le journaliste indépendant Truong Huy San, également connu sous le nom de plume de Huy Duc, à 30 mois de prison au terme d’un procès expéditif. Il a été reconnu coupable d’avoir “abusé des libertés démocratiques”, sur la base de l'article 331 du Code pénal vietnamien.
Huy Duc avait été enlevé par des agents de la sécurité de l’État le 1er juin 2024 à Hanoï, quelques jours après avoir publié sur Facebook des articles sur les troubles politiques que connaît actuellement le Vietnam. Le régime vietnamien avait alors attendu une semaine avant de reconnaître son arrestation.
“Les articles de Huy Duc représentent une source d’information essentielle pour le public vietnamien, qui n’a accès qu’à un flux d’information étroitement censuré par le régime vietnamien. En le condamnant à une peine de prison, les autorités démontrent une fois de plus leur mépris pour la liberté de la presse et leur volonté d’étouffer toute voix indépendante. Nous appelons la communauté internationale à intensifier la pression sur Hanoï pour obtenir sa libération ainsi que celle de tous les journalistes emprisonnés dans le pays.
Journaliste chevronné né en 1962, Huy Duc a travaillé pour plusieurs journaux vietnamiens, dénonçant les abus de pouvoir de nombreux hauts fonctionnaires. Son engagement critique lui a valu un licenciement en 2009, après quoi il s’est tourné vers les blogs et les réseaux sociaux, notamment Facebook, pour continuer à informer sur la politique vietnamienne. En 2012, il a publié The Winning Side, un ouvrage retraçant l’histoire politique récente du Vietnam.
Depuis son arrivée au pouvoir en août 2024, le secrétaire général du Parti communiste vietnamien, To Lam, poursuit la répression de la liberté d’informer, dans la lignée de son prédécesseur Nguyen Phu Trong. Les journalistes critiques à l’égard du régime sont régulièrement accusés de diffuser de la “propagande contre l’État” ou d’“abuser des libertés démocratiques” – des charges qui peuvent mener à des peines allant jusqu’à vingt ans de prison. En 2021, la journaliste et écrivaine Pham Doan Trang, lauréate du prix RSF pour la liberté de la presse 2019, a ainsi été condamnée à neuf ans de prison pour “propagande contre l’État”.
Le Vietnam figure parmi les pays les plus répressifs en matière de liberté de la presse. Il occupe la 174e place sur 180 dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2024 de RSF et reste l’un des États qui emprisonnent le plus de journalistes au monde.