Vietnam : le blogueur Ngo Van Dung kidnappé par la police depuis deux semaines
Le journaliste citoyen Ngo Van Dung est porté disparu depuis qu’il a été arrêté il y a exactement deux semaines par des policiers dans les rues d’Hô-Chi-Minh-Ville. Reporters sans frontières (RSF) exige des autorités vietnamiennes qu’elles le libèrent sur-le-champ.
Deux semaines sans nouvelles…. Arrêté par la police d’Hô-Chi-Minh-Ville (ex-Saïgon) dans la matinée du 4 septembre dernier, le journaliste citoyen Ngo Van Dung est depuis porté disparu. Alertée par des proches du blogueurs témoins de l’interpellation, sa famille, qui a tenté de le joindre sur son téléphone portable, n’a reçu qu’un message sybillin signalant qu’il avait été arrêté par la police du quartier de Ben Nghe. Depuis, plus rien.
Résidente, comme lui, de la province de Dak Lak, à 400 kilomètres d’Hô-Chi-Minh-Ville, l’épouse de Ngo Van Dung a dû se rendre dans plusieurs bureaux de police de la métropole avant d’obtenir un semblant d’information sur son son mari. On lui a finalement annoncé qu’il avait été transféré auprès des forces de sécurité de sa province d’origine, ce que nie la police de Dak Lak.
“Nous appelons les autorités vietnamiennes à faire toute la lumière sur la situation de Ngo Van Dung, exige Daniel Bastard, responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF. En détenant ainsi un citoyen de façon parfaitement arbitraire et, surtout, hors de tout cadre procédurier, le gouvernement de Hanoï fait montre, si l’on en doutait encore, du profond mépris dans lequel il tient toute notion d’Etat de droit.
"Les partenaires commerciaux du Vietnam doivent en tirer les conséquences. En ce sens, nous appelons les députés européens à geler la ratification de l’accord de libre-échange avec le pays, qu’ils devaient initialement voter avant la fin de l’année.”
Spirale de répression
Ngo Van Dung est notamment membre de la Campagne pour la revitalisation du Vietnam (Chan Hung Nuoc Viet), un mouvement qui se bat pour la liberté de la presse et de l’information dans le pays - ce que proclame du reste la Constitution de la République socialiste dans son article 25.
En juin dernier, le journaliste avait notamment couvert en vidéo les manifestations contre l’établissement de zones économiques spéciales. Plus tôt, il avait publié une vidéo dans laquelle il analyse la sentence infligée à la blogueuse Tran Thi Nga, dont RSF avait dénoncé la condamnation à neuf ans de prison pour “propagande anti-étatique”. Elle est devenue l’un des symboles de l’implacable spirale de répression de la liberté de l’information dans laquelle s’est lancée l’actuelle direction du Parti communiste vietnamien.
Le Vietnam stagne dans les abîmes du Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2018, à la 175e place sur 180 pays.