Vietnam : la blogueuse “Mère Champignon” libérée et partie en exil

Reporters sans frontières (RSF) se réjouit de la libération de la blogueuse vietnamienne Me Nâm, qui a pu ensuite se rendre aux Etats-Unis. L’organisation appelle les autorités du pays à libérer les autres journalistes citoyens emprisonnés dans le pays.


Deux ans et sept jours… C’est le temps qu’aura passé au fond des geôles vietnamiennes la blogueuse Nguyen Ngoc Nhu Quynh, qui écrivait sous le pseudonyme de Me Nâm, “Mère Champignon”. Condamnée à dix ans de prison le 29 juin 2017, après plus de huit mois de détention à l’isolement, elle a finalement été libérée au matin du 17 octobre pour s’envoler vers les Etats-Unis, où elle vivra en exil en compagnie de ses deux enfants et de sa mère.


Sa détention aura été marquée par des pressions répétées de la part de l’administration pénitentiaire pour tenter de la faire craquer. En février, elle avait été déplacée dans une prison située à près de 1000 km de sa famille, basée près de Nha Trang, sur la côte sud du pays. Inébranlable, elle a toujours refusé d’avouer le crime de “propagande anti-étatique” dont on l’accusait, alors qu’elle s’était contentée d’informer la population sur des problèmes environnementaux ou sur les droits humains. Elle a mené plusieurs grèves de la faim pour protester contre ses conditions de détention.


“Nous saluons la libération de Me Nâm, déclare Daniel Bastard, responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF. Mais il est intolérable qu’une femme ait eu à passer plus de deux ans de prison simplement pour avoir voulu informer ses concitoyens. Surtout, nos pensées vont aux dizaines d’autres blogueurs qui croupissent dans les prisons vietnamiennes pour avoir tenté de porter la voix de tous ceux qui sont ignorés par la propagande officielle du régime. Ils doivent aussi être libérés.”


La libération de Me Nâm, inattendue, coïncide avec la seconde visite au Vietnam en 2018 du ministre états-unien de la Défense Jim Mattis. Cela a alimenté les spéculations sur un éventuel geste de bonne volonté des dirigeants vietnamiens. Washington a tissé par le passé des liens étroits avec Hanoï pour contrebalancer l'influence de la Chine.


Le Vietnam occupe la 175e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières en 2017.

Publié le
Updated on 17.10.2018