Verdict en demi-teinte pour le blogueur Edouard Paltchys
Après dix mois de détention provisoire, le jeune blogueur bélarusse Edouard Paltchys a enfin quitté sa prison, ce 28 octobre 2016. Reconnu coupable d’“incitation à la haine” et de “distribution de matériel pornographique” par le tribunal de Minsk, il restera néanmoins en liberté surveillée pendant un mois.
Le blogueur Edouard Paltchys a été condamné à un an et neuf mois de liberté surveillée, le 28 octobre, pour ses articles critiquant la politique étrangère russe en Ukraine et au Bélarus. Une peine réduite à un mois compte tenu du temps passé en détention. Le blogueur regagne son domicile, mais il devra temporairement respecter un couvre-feu, pointer régulièrement au commissariat, et ne pourra quitter sa ville sans autorisation de la police.
“Nous sommes soulagés qu’Edouard Paltchys puisse enfin quitter sa prison et retrouver les siens, déclare Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’est et Asie centrale de RSF. Nous sommes cependant révoltés par sa condamnation. Le blogueur n’aurait jamais dû être poursuivi pour ses billets, qui relèvent de la liberté d’expression, ni passer un seul jour derrière les barreaux.”
Edouard Paltchys est le fondateur du blog 1863x.com, qui prend notamment position contre la politique étrangère russe. Arrêté en Russie en janvier 2016, le blogueur a été extradé en juin vers son pays d’origine, où il est resté incarcéré dans l’attente de son procès.
Les organisations bélarusses de défense des droits humains ont reconnu Edouard Paltchys prisonnier politique et se sont activement mobilisées en sa faveur. Des rassemblements de soutien se sont tenus devant le palais de justice de Minsk chaque jour d’audience depuis l’ouverture de son procès, le 14 octobre. Le blogueur a annoncé son intention de reprendre ses publications dès que son équipement lui serait rendu. Une autre plainte contre lui sera toutefois examinée le 3 novembre, qui pourrait aboutir à l’interdiction de 1863x.com pour “extrémisme”.
Interrogé sur l’état de la liberté d’expression au Bélarus, Edouard Paltchys a répondu que cela “dépend de combien d’années on est prêt à passer derrière les barreaux”. Le président de l’Association bélarusse des journalistes (BAJ), Andreï Bastounets, a déclaré à RSF que l’arrestation, le procès et la condamnation du blogueur étaient indicatifs des sévères restrictions à la liberté d’expression dans son pays. Il a souligné que la relative clémence de la peine prononcée était liée à la volonté actuelle de Minsk de se rapprocher de l’Union européenne, et montrait l’utilité d’un dialogue sur les droits de l’homme entre les deux parties.
Le Bélarus occupe la 157ème place sur 180 pays dans le Classement mondial 2016 de la liberté de la presse, établi par RSF.
Retrouver les précédents communiqués de presse de RSF sur cette affaire: /fr/belarus