Suite à la nouvelle réglementation qui renforce le monopole de l'agence de presse officielle Xinhua sur la diffusion d'informations, de photographies et d'infographies en Chine, de nombreux gouvernements étrangers, notamment nord-américain, allemand, et l'Union européenne, par la voix de la Finlande, ont exprimé leur inquiétude.
De son côté, le Premier ministre Wen Jiabao a affirmé que « le gouvernement chinois garantira la liberté et les droits des médias étrangers et des agences étrangères d'information financière implantées en Chine. »
L'agence Xinhua a affirmé qu'elle ne cherchait « aucun gain financier ». Son vice-président en a appelé au droit des pays en développement à créer un marché de l'information financière plus équitable et à combattre le « fossé de l'information » face aux grands pays développés.
Liu Binjie, le vice-ministre de l'Administration générale de la presse et des publications, a observé que la nouvelle réglementation n'était que l'extension des pouvoirs de supervision accordés en 1996 et dont son ministère est en charge depuis longtemps.
Cité par Xinhua, Qin Zhaode, de l'Université Fudan de Shanghai, a considéré qu'« afin de sauvegarder les droits et les intérêts de la Chine, il était tout à fait normal que le gouvernement utilise ces méthodes, en investissant Xinhua de fonctions pertinentes. »
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11.09.06
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Reporters sans frontières est consternée par la décision de l'agence gouvernementale Xinhua d'édicter, sans aucune forme de concertation, une nouvelle réglementation qui confirme sa tutelle économique et éditoriale sur les agences de presse étrangères. L'organisation appelle les gouvernements nord-américains, européens et japonais à réagir collectivement à cette entorse à la libre circulation de l'information.
“Nous redoutons la portée de ces réglementations qui pourraient avoir de graves effets sur le travail des agences de presse étrangères présentes en Chine populaire. Cette décision est scandaleuse car Xinhua, officine du Parti communiste, s'autoproclame détentrice de tous les pouvoirs sur les agences de presse. Mais c'est également une menace pour les agenciers qui ont un rôle vital dans la diffusion de l'information sur la Chine populaire. Xinhua s'impose comme un prédateur de la liberté d'entreprise et de la liberté d'information », a affirmé Reporters sans frontières.
« Alors que vient de s'achever un sommet UE-Chine au cours duquel les autorités de Pékin ont tout fait pour que les négociations économiques soient dissociées du politique, le gouvernement chinois fait exactement le contraire en mélangeant allègrement le contrôle économique et politique. Le statut des agences étrangères est également en complète contradiction avec les engagements de la Chine populaire au sein de l'Organisation mondiale du commerce », a dénoncé Reporters sans frontières.
Le 10 septembre 2006, l'agence officielle Xinhua a promulgué une série de “Mesures pour administrer la diffusion de nouvelles et d'informations en Chine par les agences de presse étrangères” qui consolide son pouvoir en Chine populaire mais également à Hong Kong, Macao et Taiwan. Une dérogation datant de 1996 qui permettait aux agences d'informations financières, notamment Reuters, de vendre des informations aux médias chinois est supprimée. Xinhua semble vouloir ainsi récupérer cette manne qui lui échappait.
Comprenant 22 articles, cette nouvelle réglementation confirme le strict monopole de Xinhua pour la diffusion d'informations, de photographies et d'infographies vers les médias chinois. Sans aucune forme de concertation avec les agences de presse internationales, les autorités les placent sous la tutelle de Xinhua qui s'arroge le droit de leur accorder ou non une licence. Ce point vient contredire les réglementations du ministère des Affaires étrangères qui a le pouvoir d'accréditer les médias et les journalistes.
Le texte publié sur le site Internet de Xinhua interdit la diffusion d'informations contraires à la Constitution ou tout autre loi chinoise, qui met en danger l'unité nationale, la souveraineté, l'intégrité territoriale, la sécurité nationale, la réputation et les intérêts de la Chine, viole la politique chinoise sur les religions ou promeut les sectes et la superstition. Les agenciers sont sommés de ne pas inciter à la haine et à la discrimination entre les groupes ethniques et de blesser leurs sentiments. Il est également interdit de menacer l'ordre social et économique, ou les traditions culturelles de la Chine. Enfin, la propagation de l'obscénité et la diffamation pourront être punies. Après avoir émis un avertissement, l'agence officielle pourra demander un rectificatif, suspendre la diffusion d'une information ou suspendre la licence du média.
Il est interdit aux médias chinois de couvrir l'actualité grâce à des dépêches d'agences de presse étrangères. En revanche, les agences vendent, à travers Xinhua, des photographies, notamment de l'actualité internationale. Et les médias chinois pouvaient également acheter des informations financières aux agences spécialisées.
Les agences les plus affectées devraient être Reuters, Bloomberg, DowJones et Kyodo qui diffusaient des informations, surtout financières, aux médias chinois.
Un journaliste basé à Pékin qui n'a pas souhaité être cité a expliqué à Reporters sans frontières que les agences de presse étrangères devraient « s'unir pour combattre cette régulation injuste et rétrograde. » Un autre correspondant d'une agence étrangère a dénoncé ce coup de force de Xinhua qui veut « s'arroger des pouvoirs qu'elle n'a pas ».
En septembre 2005, Reporters sans frontières avait publié un rapport d'enquête : Xinhua : la plus grande agence de propagande du monde qui décrivait le fonctionnement interne de l'agence officielle, élément central du contrôle des médias chinois. http://www.rsf.org/article.php3?id_article=15169