Chine : le blogueur Liu Hanbin détenu depuis un mois pour avoir révélé un scandale d’accaparement de terres

Reporters sans frontières (RSF) appelle le régime chinois à libérer immédiatement Liu Hanbin, un blogueur détenu depuis un mois après qu’il a publié des informations sur une mobilisation de paysans contre une confiscation de terres. Il est le 125e journaliste détenu par Pékin.

Ce 27 décembre 2024, cela fait déjà un mois que le blogueur chinois Liu Hanbin, également connu sous le nom de plume de Wen Yi Fan, est en détention. Il a été arrêté par la police de Hohhot, une ville de Mongolie-intérieure, région du nord de la Chine, et est actuellement détenu au centre de détention n°1 de cette ville.

Le blogueur de 52 ans est accusé d’avoir “provoqué des querelles et des troubles”, un crime passible d'une peine pouvant aller jusqu'à cinq ans de prison, après avoir publié une vidéo sur le réseau social chinois WeChat dans laquelle il évoquait les manifestations d'agriculteurs contre la confiscation de leur terres par des fonctionnaires locaux. Le 6 décembre, la police a rejeté sa demande de libération sous caution estimant que l’affaire était “importante et complexe”. Le blogueur s'est également vu refuser l'accès à son avocat.

“Liu Hanbin a agi dans l’intérêt public en mettant en lumière des faits d'accaparement de terres. Sa détention est injustifiable, et l’empêcher de communiquer avec son avocat est d’autant plus inacceptable. Nous appelons la communauté internationale à exercer une pression accrue sur les autorités chinoises pour obtenir sa libération et celle des 124 autres journalistes et défenseurs de la liberté de la presse emprisonnés dans le pays.

Cédric Alviani
Directeur du bureau Asie-Pacifique de RSF

Liu Hanbin est un blogueur populaire en Mongolie-intérieure pour ses reportages sur l’actualité régionale qu'il partage sur son compte WeChat. Ses vidéos récentes portent notamment sur l'extraction illégale de sable ou des cas d’abus commis par les autorités locales, à l’image d’un cas récent de violences policières contre un adolescent.

En Chine, les journalistes indépendants ou les lanceurs d’alerte qui s’attaquent à des sujets sensibles s’exposent régulièrement à des accusations de “provocation de querelles et de troubles”. La journaliste Zhang Zhan, condamnée en 2020 à quatre ans de prison pour avoir couvert l’épidémie de Covid-19, en est un exemple emblématique. Libérée en mai 2024, elle est aujourd’hui de nouveau détenue sous le même chef d’accusation, cette fois-ci après avoir diffusé sur les médias sociaux des informations sur le harcèlement d'activistes en Chine.

Depuis son arrivée au pouvoir en 2012, Xi Jinping a restauré une culture médiatique digne de l'ère maoïste, où chercher ou transmettre librement l’information est devenu un crime. Le rapport Le grand bond en arrière du journalisme en Chine publié en décembre 2021, RSF révélait déjà les efforts du régime pour contrôler l’information et les médias tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de ses frontières. 

Classée 172e sur 180 pays et territoires dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2024 établi par RSF, la Chine est la plus grande prison au monde pour les journalistes et les défenseurs de la liberté de la presse, avec au moins 125 d’entre eux actuellement emprisonnés.

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