Une journaliste russe devant la justice pour avoir couvert une manifestation

Le procès de la journaliste russe Sofiko Arifdjanova doit s’ouvrir ce 9 juin 2017. Elle a été arrêtée et mise en examen pour “participation à un rassemblement non-autorisé” alors qu’elle couvrait une manifestation anti-corruption à Moscou. Reporters sans frontières (RSF) demande l’acquittement de la journaliste et appelle les autorités russes à respecter les droits des journalistes à couvrir un événement.

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Initialement prévu le 10 avril, le procès de Sofiko Arifdjanova du site d’information Otkrytaïa Rossia, doit s’ouvrir ce 9 juin après avoir été reporté à deux reprises. Poursuivie pour “participation à un rassemblement non-autorisé”, la journaliste risque jusqu’à 15 jours de prison. Au moins 17 journalistes, dont Sofiko Arifdjanova, ont été arrêtés alors qu’ils couvraient, le 26 mars dernier, des manifestations anti-corruption qui ont rassemblées près de 60 000 personnes à travers toute la Russie. En plus d’avoir subis des violences policières, les journalistes ont été accusés d’avoir participé à une manifestation interdite et refusé “d’obtempérer aux injonctions de la police”.


Non, un journaliste couvrant une mobilisation n’est pas un manifestant ! Sofiko Arifdjanova ne faisait rien d’autre que son travail de journaliste et doit à ce titre être acquittée. Il est inacceptable que des reporters, identifiés comme tels auprès des forces de l’ordre, fassent l’objet de poursuites, déclare Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de RSF. Nous demandons aux autorités russes de garantir le principe de liberté de la presse et de s’assurer de la formation des policiers aux droits des journalistes.


Trois journalistes ont déjà été jugés pour les mêmes chefs d’accusation. Alexandre Nikichine (Otkrytyï kanal) a été condamné à 4 jours de détention administrative. Le photographe Roman Demianenko (Ria-Voronej) a lui, écopé d’une amende de 500 roubles. Pour l’instant, seul le journaliste américain Alec Luhn (The Guardian) qui avait été arrêté à Moscou et qui s’était retrouvé accusé d’avoir pris part à un rassemblement non-autorisé et d’avoir scandé des slogans en russe, a été acquitté.


Depuis le retour de Vladimir Poutine au Kremlin en 2012, jamais une mobilisation, comme celle du 26 mars dernier, n’avait donné lieu à autant d’interpellations: plus de 1 000 en tout. L’opposant Alexeï Navalny a lancé un nouvel appel à manifester le 12 juin, jour de la fête nationale célébrant l’indépendance de la Russie.


La Russie est classée 148e sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi en 2017 par RSF.

Publié le
Updated on 09.06.2017