Un Tibétain en prison depuis plus d’un an pour un envoi de SMS et d’emails

Reporters sans frontières dénonce la condamnation à trois ans de prison de Gonpo Tserang, un guide de montagne tibétain, pour avoir envoyé des SMS et des e-mails à l’étranger. Les messages portaient sur les manifestations de mars 2008 défiant le pouvoir chinois. Les autorités de la Préfecture autonome tibétaine de Dêqên (Yunnan, sud de la Chine) l’ont reconnu coupable d’“incitation au séparatisme”, le 26 avril 2008. “Cette condamnation est inadmissible car elle punit un simple citoyen qui faisait circuler des informations sur la situation au Tibet, que les médias étrangers étaient interdits de couvrir. Les messages incriminés ne relèvent pas de l’incitation au séparatisme et Gonpo Tserang ne les a nullement envoyés dans cette intention. Nous demandons la suspension de sa condamnation et sa libération”, a déclaré Reporters sans frontières. Selon des informations recueillies auprès d’organisations tibétaines, Gonpo Tserang, 33 ans, a été arrêté le 23 mars 2008. Il est actuellement détenu à la prison de Xianggelila (Yunnan). Aux dires des autorités, “du 16 au 18 mars 2008, Gonpo Tsergan a utilisé Internet et son téléphone portable pour envoyer des messages provocateurs déformant les faits réels et la stabilité de l’odre social dans la province tibétaine après l’’incident’ du 14 mars 2008”. Dans le verdict de la décision de la préfecture de Dêqên, il est également souligné que “Gonpo Tserang a utilisé Internet afin de fabriquer délibérément des rumeurs, déformer les faits et inciter au séparatisme”. L’internaute a été condamné en vertu de l’article 103 (2) du code pénal chinois selon lequel “si un crime contre-révolutionnaire est à l’origine d’une critique féroce à l’encontre de l’Etat et si les circonstances sont particulièrement flagrantes, la peine mort est envisageable”. Depuis mars 2008, Reporters sans frontières a enregistré une augmentation significative des procès de Tibétains accusés d’avoir envoyé des informations à l’étranger, principalement vers les communautés tibétaines en exil. A la connaissance de l’organisation, sept personnes ont été été condamnées entre octobre et novembre par la Cour intermédiaire de Lhassa, à des peines allant jusqu'à la prison à vie. Selon une étude de l’organisation dissidente chinoise Gongmeng, publiée en juin 2009 et rédigée par quatre chercheurs chinois, les accusations de “séparatisme” sont un moyen de “cacher les erreurs de gestion des dirigeants locaux”. Lors de émeutes de mars 2008, les journalistes étrangers n’ont pas pu couvrir les faits et les médias officiels chinois ont complètement ignoré l'événement. (plus d'informations). Le 11 mars 2009, un moine tibétain a également arrêté et accusé de “séparatisme” après avoir donné à la communauté tibétaine en exil des informations relatives aux manifestations et aux arrestations dans la province. Par ailleurs, le 5 mai, le webjournaliste tibétain Namkha Sonam Drakpa a dû quitter le Tibet pour avoir possédé et distribué des photos du Dalaï Lama. Par peur d’être découvert par les autorités chinoises de la province, il a pris la route de l’Inde. Il travaille aujourd’hui pour une publication en ligne chinoise basée aux Etats-Unis.
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Updated on 20.01.2016