Un rédacteur en chef libéré après un mois de détention

Reporters sans frontières se félicite de la libération sous caution le 27 novembre 2009 de A. S. Mani, rédacteur en chef du magazine tamoul Naveena Netrikkan, après un mois de détention dans le Tamil Nadu. Selon ses proches interrogés par Reporters sans frontières, il a pu regagner son domicile en fin de matinée. Il est toujours poursuivi pour "diffamation". ------------ 5 novembre 2009 Arrestation du rédacteur en chef d'un hebdomadaire tamoul pour "diffamation" Depuis le 25 octobre 2009, le rédacteur en chef du magazine tamoul Naveena Netrikkan dans l'Etat du Tamil Nadu (Sud-Est), A.S. Mani, a été placé en détention par un tribunal de Madurai, sur les seules accusations de diffamation d'un entrepreneur local. "A.S. Mani est une nouvelle victime du code pénal indien qui criminalise la diffamation. L'abus et le détournement des lois sur la diffamation et sur l’offense représentent un danger permanent pour les journalistes indiens. Ces lois, contraires aux standards internationaux en matière de liberté de la presse, doivent être réformées au plus vite", a déclaré Reporters sans frontières. Depuis deux mois, l'organisation a enregistré un nombre croissant d'arrestations et de cas de censures en Inde: arrestation d'un journaliste tamoul (http://www.rsf.org/Un-journaliste-du-Tamil-Nadu.html), refus de visa (http://www.rsf.org/Un-journaliste-allemand-interdit.html) ou détention d'un journaliste dans l'Orissa (http://www.rsf.org/Un-journaliste-accuse-de-sedition.html). Les autorités de New Delhi viennent d'interdire aux correspondants de la presse étrangère de se rendre dans l'Arunachal Pradesh pour y couvrir la visite du Dalaï Lama. Par ailleurs, plus d'une centaine de journalistes de l'Etat du Manipur (Nord-Est) ont lancé un mouvement de protestation suite à l'agression de deux reporters par des policiers, le 10 octobre. Les professionnels des médias ont rendu leur carte de presse, estimant qu'elle ne les protège pas contre les abus des représentants de l'autorité. A.S. Mani a été arrêté en vertu de l'article 502 du code pénal indien relatif à l'impression et à la diffusion de propos diffamatoires, mais serait également poursuivi en vertu des articles 153A, 503 et 505 du code pénal, relatifs à l'incitation à la haine et aux troubles à l'ordre public, qui peuvent donner lieu à des peines plus sévères. Le 25 octobre à 5h30 du matin, la police de Madurai a arrêté le journaliste à son domicile et l'a placé en détention provisoire. Suite à un article paru dans Naveena Netrikkan le 23 octobre 2009, un entrepreneur local, M. Suresh, a porté plainte contre A.S. Mani pour publication d'articles infondés. Le magazine l'avait accusé de corruption. Contacté par Reporters sans frontières, Parthiban Mani, correspondant spécial pour Naveena Netrikkan, a déclaré : "L'arrestation et la détention d'A.S Mani sont injustifiées. Nous condamnons fermement les actions du gouvernement du Tamil Nadu et de la police de Madurai, et appelons à la libération de notre collègue." Suite à des problèmes de harcèlement par d'autres prisonniers, A.S Mani a dû être transféré de la prison centrale de Madurai à la prison centrale de Puzhai à Chennai (Sud-Est).
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Updated on 20.01.2016