Un journaliste incarcéré pour ses articles sur un conflit entre paysans et militaires au Pendjab

Sarwar Mujahid, correspondant du quotidien conservateur en ourdou Nawa-i-Waqt dans le district d'Okara (Est), est détenu depuis le 31 juillet 2004 par les autorités de ce district de la province du Pendjab. Il avait écrit des articles sur un conflit opposant des paramilitaires et des métayers. Dans une lettre adressée au chef du gouvernement de la province du Pendjab, Pervez Elahi, Reporters sans frontières a demandé la libération de Sarwar Mujahid. "La détention prolongée de ce journaliste jette un sérieux doute sur la possibilité pour les médias pakistanais de couvrir librement les activités des militaires et des paramilitaires", a regretté l'organisation. Reporters sans frontières a par ailleurs exprimé son inquiétude sur l'état de santé de Sarwar Mujahid qui est atteint de diabète et a été frappé lors de son arrestation. Sarwar Mujahid a été arrêté à son domicile par des policiers qui ne disposaient pas de mandat d'arrêt. Sarwar Mujahid serait détenu dans la prison de Sahiwal (province du Pendjab). Sa famille n'a pas été autorisée à lui rendre visite. Sa fille, Aisha Sarwar, a dénoncé un "terrorisme d'Etat". Elle a fait part à Reporters sans frontières de son inquiétude sur l'état de santé de son père, atteint de diabète, et qui n'aurait pas accès à son traitement. Sarwar Mujahid, âgé de 42 ans, est détenu en vertu de la loi sur le maintien de l'ordre public (Maintenance of Public Order, 3MPO). Cette législation prévoit qu'une personne peut être détenue pendant trois mois si le gouvernement estime qu'elle constitue une "menace pour l'ordre public". La famille du journaliste a saisi la Haute Cour du Pendjab de cette affaire, mais en raison des vacances judiciaires, le cas du journaliste n'a pas été examiné en août. La cour a demandé au gouvernement du Pendjab de fournir des explications pour le 9 septembre. La détention du journaliste semble être liée à ses articles sur un conflit entre des paramilitaires pakistanais et des métayers cultivant depuis des années des terres appartenant à l'armée. Les agriculteurs refusent de quitter leurs fermes. En juillet 2004, l'organisation Human Rights Watch a publié un rapport dénonçant la répression militaire, notamment des actes de torture, contre les paysans du district d'Okara. En 2003, Sarwar Mujahid avait déjà été emprisonné pendant deux mois pour ses articles en faveur des paysans. Il avait été libéré sous caution.
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Updated on 20.01.2016