Pakistan : RSF condamne l’assassinat de Khalil Jibran, quatrième journaliste tué depuis le début de l'année

Le journaliste de la chaîne de télévision pachtoune Khyber News, Khalil Jibran, a été abattu le 18 juin dans le district de Khyber, au nord-ouest du pays. Reporters sans frontières (RSF) demande que les auteurs de ce crime soient traduits en justice au plus vite et que des mesures de protection soient prises par les autorités face à la multiplication dramatique des assassinats de journalistes.

Le journaliste de la chaîne de télévision pachtoune Khyber News, Khalil Jibran, qui couvrait l’insurrection de groupes armés talibans, a été tué dans une embuscade dans la soirée du 18 juin, dans la ville de Landi Kotal, dans le district de Khyber de la province de Khyber Pakhtunkhwa frontalière de l'Afghanistan. Le journaliste rentrait chez lui en voiture, lorsque des hommes armés l’ont criblé de balles après l’avoir fait sortir du véhicule. Selon ses collègues, le journaliste avait fait part de menaces qu’il avait reçues de la part d’insurgés talibans. Journaliste chevronné d'une cinquantaine d'années, il laisse derrière lui une femme et six enfants. 

“L’assassinat de ce journaliste, le quatrième tué en un mois et demi, révèle le climat d’insécurité extrême dans lequel doivent exercer les professionnels de l’information, en particulier dans les régions tribales. Le Pakistan reste l’un des pays les plus dangereux au monde pour les journalistes, et l’impunité quasi systématique des crimes commis contre eux est accablante. RSF appelle les autorités à mener une enquête diligente et à traduire en justice les auteurs de l’assassinat de Khalil Jibran au plus vite. Des mesures urgentes doivent être prises par le gouvernement pour protéger les journalistes, en particulier ceux qui ont fait état de menaces sur leur vie.

Célia Mercier
Responsable du bureau Asie du Sud

La mort de Khalil Jibran a provoqué une onde de choc dans la communauté des journalistes des zones tribales. “Il a été tué pour tous nous réduire au silence", estime un professionnel de l’information de la ville de Landi Kotal, souhaitant garder l'anonymat. "De nombreux journalistes, dont je fais partie, travaillent sous la menace d’acteurs étatiques et non étatiques", a déclaré le journaliste Wali Khan Shinwari à RSF. 

La région tribale de Khyber est une zone à risques pour les journalistes, qui y font régulièrement l’objet de menaces. Après la prise de pouvoir des talibans à Kaboul en 2021, les talibans pakistanais ont ressurgi dans leurs anciens bastions, tels que les districts du Waziristan et de Khyber, le long de la frontière avec l'Afghanistan. 

Année sanglante

L’assassinat de ce journaliste est le quatrième depuis le début de l’année. Le reporter du journal Daily Khabrain Ashfaq Hussain Sial a été abattu le 15 mai par des hommes à moto à Muzaffargarh, dans la province du Pendjab, à l’ouest du pays. Il couvrait des affaires criminelles et politiques dans un district qui reste sous la coupe de chefs tribaux et de puissants seigneurs féodaux, soutenus par les autorités. 

Le 21 mai, le journaliste indépendant Kamran Dawar a été tué par des hommes armés non identifiés dans le Nord-Waziristan, autre district du Khyber Pakhtunkhwa, après avoir exprimé de sérieuses inquiétudes pour sa vie. Le 24 mai, Nasrullah Gadani, journaliste du journal Awami Awaz, qui dénonçait l’emprise du système féodal dans sa région, a succombé à ses blessures après une attaque menée par des hommes armés à moto dans la province méridionale du Sindh.

Parmi les mesures proposées par RSF au nouveau Premier ministre pakistanais en mars, l’organisation a notamment appelé à rendre opérationnelle la commission de sécurité prévue par la loi fédérale sur la protection des journalistes et autres professionnels des médias de 2021 (Protection of Journalists and Media Professionals Act, 2021). 

Le Pakistan occupe la 152e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi en 2024 par RSF.

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