Reporters sans frontières demande l'abandon des poursuites engagées contre Aloys Kabura, journaliste de l'Agence burundaise de presse (ABP, officielle), emprisonné pour avoir critiqué le gouvernement, dans un bar de la ville de Kayanza (Nord).
Reporters sans frontières demande l'abandon des poursuites engagées contre Aloys Kabura, journaliste de l'Agence burundaise de presse (ABP, officielle), poursuivi par les services de renseignements pour “rebellion” et incarcéré à la prison centrale de Ngozi (Nord) depuis le 31 mai 2006. Le journaliste, qui a récemment réalisé un reportage mettant en cause la police burundaise dans un trafic de sucre, est accusé d'avoir publiquement critiqué le gouvernement, dans un bar de la ville de Kayanza (Nord).
“Que les services de renseignements puissent porter plainte contre un citoyen est déjà sidérant en soi. Que, de surcroît, l'expression d'une opinion en public puisse être punie d'une peine de prison est encore plus effarant. Mais l'incarcération d'un journaliste, dont le seul tort est d'avoir mis en cause la police, est proprement scandaleux. Le président Pierre Nkurunziza doit mettre bon ordre au sein de ses services de sécurité et engager la réforme d'une loi absurde, dont l'application est préjudiciable à la paix. Le gouvernement ne peut pas continuer à donner l'impression qu'il tente d'intimider tous ceux qui ne chantent pas les louanges des pouvoirs publics”, a déclaré Reporters sans frontières.
Aloys Kabura a été arrêté le 31 mai en fin de journée à Kayanza par la police burundaise, munie d'un mandat d'arrêt délivré par le procureur de la ville, Jean-Paul Manwagari. Son arrestation fait suite à une plainte pour “rebellion” déposée par la Documentation nationale, les services de renseignements, accusant le journaliste d'avoir “tenu, devant témoins, le 21 avril, des propos diffamatoires sur le régime”, selon le procureur. Aloys Kabura est accusé d'avoir, dans un bar de la ville, critiqué l'attitude du gouvernement et la violence de la police, lorsque, le 17 avril, une vingtaine de journalistes avaient été séquestrée pendant une demi-journée au domicile d'un député, à Bujumbura. Selon le code pénal, le journaliste est passible d'une peine de deux mois de prison et/ou d'une amende de 5000 francs burundais (4 euros).
Le journaliste de l'ABP, qui se dit surveillé et menacé par la police, avait réalisé, au mois de janvier, une enquête sur un trafic de sucre avec le Rwanda qui aurait été couvert par la police.