Burundi : une peine de 12 ans de prison scandaleuse requise contre la journaliste Sandra Muhoza
Sandra Muhoza, qui est en détention depuis plus de sept mois, risque une peine de 12 ans de prison pour avoir retransmis une information dans un groupe privé WhatsApp. Elle est accusée d’“atteinte à l’intégrité du territoire national” et d’“aversion ethnique”. Reporters sans frontières (RSF) dénonce des réquisitions injustes. La journaliste doit être acquittée et libérée immédiatement.
Douze ans de prison pour un message publié sur WhatsApp, dans un groupe privé de professionnels des médias où la journaliste s’est fait l’écho d’une information relative à une distribution d’armes par le gouvernement en place. Les réquisitions du parquet – dix ans de prison pour “atteinte à l’intégrité du territoire national” et 2 ans pour “aversion ethnique” – contre Sandra Muhoza, journaliste du média en ligne La Nova Burundi, dépassent les limites de l’entendement. La peine requise, ce 12 novembre, au tribunal de grande instance de Mukaza à Bujumbura, la capitale du pays, est également assortie d’une amende d’un million de francs burundais (environ 320 euros).
Les réquisitions du ministère public envers Sandra Muhoza sont d’une sévérité et d’une injustice sans nom. Pour rappel, la journaliste n’enquêtait même pas sur l’affaire qui lui vaut ces accusations, elle s’en était simplement fait l’écho dans un groupe privé de professionnels des médias. La lourde peine d’emprisonnement requise est aberrante et RSF s’inquiète de possibles risques de politisation du dossier. Sandra Muhoza doit être acquittée et immédiatement libérée.
Sandra Muhoza est détenue depuis le mois d’avril dernier. Initialement prévu début septembre, le procès de la journaliste avait été reporté le jour-même, faute de carburant pour le transport des détenus de la prison centrale de Mpimba jusqu’au tribunal. Le jugement a été mis en délibéré et doit être rendu au mois de décembre.
Il y a quelques mois, l’animatrice de la radio en ligne Igicaniro, Floriane Irangabiye, était également poursuivie pour “atteinte à la sûreté intérieure du territoire national”. Condamnée à dix ans de réclusion, la journaliste a bénéficié d’une grâce présidentielle en août, après plus de 700 jours de prison.