Un journaliste français jugé en appel pour “proxénétisme”, RSF demande l’acquittement
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Le 21 février prochain se tiendra à Phnom Penh le procès en appel du journaliste français Daniel Lainé, condamné en première instance à sept ans de prison pour “proxénétisme” après avoir réalisé un reportage sur le tourisme sexuel dans le pays. A la veille de l’audience de la Cour d’appel, Reporters sans frontières tient à lui renouveler son soutien, et à mettre en garde la justice cambodgienne contre toute peine abusive.
“Ce journaliste expérimenté qui a obtenu le World Press Award en 1991 est, depuis 2006, victime d’une parodie de justice à laquelle il convient de mettre fin. Sa condamnation in absentia en 2010, confirmée en 2013, et la requête déposée par le Cambodge auprès d’Interpol d’émettre une notice rouge à l’encontre de Daniel Lainé constituent des absurdités et des violations de la liberté de l’information. Nous appelons donc les juges de la Cour d’appel à prononcer l’annulation de la condamnation de Daniel Lainé à sept ans de prison” déclare Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie Pacifique de Reporters sans frontières.
En 2002, Daniel Lainé réalise un reportage sur le tourisme sexuel au Cambodge, pour l’émission “Le droit de savoir” de TF1. Dès sa diffusion en 2003, le journaliste est accusé par les autorités cambodgiennes et par un ressortissant français apparaissant dans le reportage de porter atteinte respectivement à l’image du pays, et à l’honneur de l’individu.
Lors d’un séjour au Cambodge en 2006, Daniel Lainé est assigné à résidence, puis contraint de quitter le pays clandestinement suite à la confiscation de son passeport et aux menaces d’emprisonnement qu’il reçoit.
En 2012 le journaliste en voyage à Cuba est arrêté par la police et apprend qu’une notice rouge à son encontre a été émise par Interpol à la demande des autorités cambodgiennes, et qu’une condamnation pénale pour proxénétisme a été prononcée in absentia en 2010 par le tribunal municipal de Phnom Penh. Son procès, dont il n'a jamais été informé et au cours duquel aucune partie n’a comparu est une violation absolue des droits de la défense et des standards internationaux du procès équitable. Lors d’un second procès en janvier 2013, la peine infligée de sept ans de prison a été confirmée par les magistrats.
La notice rouge émise par Interpol a toutefois été levée en février 2013, suite aux contestations de Reporters sans frontières et du Premier ministre français, grâce à une décision exceptionnelle de la CCF (Commission de contrôle des fichiers) d’Interpol qui confirme ainsi l’absence de charges sérieuses et l’arbitraire de la procédure. Le Cambodge n’est pas le seul Etat à avoir cherché à faire taire un journaliste en recourant aux notices rouges d’Interpol afin de le voir arrêté et extradé.
Le Cambodge se situe à la 144ème place sur 180 au classement mondial 2014 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.
Publié le
Updated on
20.01.2016