Cambodge : RSF appelle le gouvernement à mettre fin au trolling contre les médias en exil

Reporters sans frontières (RSF) exhorte le gouvernement cambodgien à faire cesser la campagne de haine en ligne qui cible depuis plusieurs mois les principaux médias cambodgiens en exil et à lever les interdictions administratives les visant, afin qu’ils puissent de nouveau opérer à l’intérieur du pays.

“Chiens”“idiots”“traîtres à la nation”... Depuis le début de l’année 2024, les publications Facebook de plusieurs médias cambodgiens en exil sont inondées de commentaires insultants. Le 30 juillet, l'Alliance des journalistes cambodgiens (CamboJA) a révélé que des dizaines de milliers de messages de haine ont été publiés par des comptes soutenant activement l'armée et le gouvernement sur les sites de Cambodia DailyVoice of Democracy (VOD), et le service khmer de Radio Free Asia (RFA), trois sites d'information contraints à l’exil depuis plusieurs années à la suite de leur interdiction par les autorités cambodgiennes. 

Plus tôt en juillet, le média en ligne VOD avait révélé l'existence d'un message vocal d’une source non identifiée exhortant les membres de l’armée cambodgienne à se conformer aux "instructions de la hiérarchie" en postant des insultes sur les pages Facebook de ces médias afin de "riposter et soutenir le gouvernement". Contacté par CamboJA, le porte-parole du ministère de la Défense cambodgien a nié toute responsabilité dans cette campagne de haine en ligne, affirmant que "personne au ministère ne suit cette affaire"

"Le gouvernement cambodgien ne peut rester inactif face à cette infâme campagne de haine en ligne contre des médias indépendants qu’il a lui-même stigmatisés et contraint à l’exil. Nous l’exhortons à agir contre le cyberharcèlement des médias et à lever immédiatement les interdictions administratives qui les frappent.

Cédric Alviani
Directeur du bureau Asie-Pacifique de RSF

La presse indépendante en ruine

Au pouvoir depuis un an, le Premier ministre Hun Manet semble perpétuer la politique de répression des médias mise en place par son père Hun Sen, qui a dirigé le pays pendant 40 ans. En 2017, l’administration de Hun Sen avait fait fermer les bureaux de Cambodia Daily et le service khmer de RFA, qui avaient été contraints de poursuivre leurs activités aux États-Unis. Le média cambodgien en ligne Voice of Democracy a connu le même sort en février 2023. Selon un récent rapport de CamboJA, les cas de harcèlement judiciaire envers les journalistes sont en augmentation inquiétante, surtout contre ceux qui couvrent les sujets environnementaux. 

En baisse de neuf places en deux ans, le Cambodge se situe désormais à la 151e position sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2024, rejoignant ainsi les pays où la liberté de la presse est considérée comme “très grave”.

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