Cambodge : RSF condamne le meurtre du journaliste environnemental Chhoeung Chheng

Le journaliste Chhoeung Chheng a succombé à ses blessures, le 7 décembre, après avoir été blessé par balle alors qu’il enquêtait sur une affaire de déforestation illégale dans le nord-ouest du Cambodge. Reporters sans frontières (RSF) appelle les autorités cambodgiennes à ne pas laisser ce crime impuni et à prendre des mesures concrètes pour protéger les journalistes.

Le 7 décembre 2024, le journaliste Chhoeung Chheng a succombé à ses blessures dans un hôpital de Siem Reap, une ville située dans le nord-ouest du Cambodge. Deux jours plus tôt, ce reporter de 63 ans, qui travaillait pour le média en ligne Kampuchea Aphivath, avait été blessé par balle à l'abdomen alors qu'il était en reportage sur une affaire de déforestation illégale dans la réserve naturelle de Boeung Per. 

L'administration de la région de Siem Reap, a annoncé avoir arrêté un suspect au lendemain de l’attaque. D’après des médias locaux, ce dernier a avoué aux enquêteurs avoir tiré sur le journaliste après que ce dernier l’eut photographié en train de transporter du bois illégalement à deux reprises.

"Ce meurtre est intolérable et exige une réponse forte. Nous appelons les autorités cambodgiennes à mener une enquête approfondie et transparente pour traduire en justice le ou les responsables de ce crime odieux. Nous demandons également au gouvernement de prendre des mesures concrètes pour mettre fin aux violences perpétrées contre les journalistes.

Cédric Alviani
Directeur du bureau Asie-Pacifique de RSF

Les journalistes enquêtant sur la déforestation illégale au Cambodge sont régulièrement confrontés à des violences. En 2014, le reporter Taing Try avait été abattu alors qu’il enquêtait sur des liens entre les forces de sécurité et le trafic de bois dans le sud du pays.

La liberté de la presse est en dégradation constante au Cambodge depuis le tour de vis imposé sur la presse par l’ancien Premier ministre Hun Sen à partir de 2017, et qui a conduit à la fermeture forcée de journaux indépendants emblématiques, à l’instar de Voice of Democracy, dont la licence a été révoquée par le gouvernement en février 2023.

Un an après son arrivée au pouvoir, le Premier ministre Hun Manet semble poursuivre la politique de répression médiatique de son père, Hun Sen. Selon un récent rapport de CamboJA, les cas de harcèlement judiciaire envers les journalistes sont en augmentation inquiétante, surtout contre ceux qui couvrent les sujets environnementaux. 

En baisse de neuf places en deux ans, le Cambodge se situe désormais à la 151e position sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2024, rejoignant ainsi les pays où la liberté de la presse est considérée comme “très grave”.

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