Un journaliste expérimenté tabassé à mort
Organisation :
Reporters sans frontières a appris avec grande tristesse le meurtre de Sai Reddy, journaliste respecté, survenu le 6 décembre 2013, à Basaguda, dans le district de Chaattisgarh (Nord Est de l’Inde).
“Nous condamnons fermement le meurtre de Sai Reddy et présentons nos sincères condoléances à la famille et aux collègues du journaliste. Un tel niveau de violence est intolérable. La police doit faire la lumière sur cet acte odieux, et déterminer si les activités professionnelles de la victime constituent le mobile du crime”, a déclaré l’organisation.
“Le cas de Sai Reddy est emblématique, et reflète les difficultés auxquelles font face les journalistes de la région de Bastar, souvent pris en étau entre les autorités et les maoïstes. Nombreux sont ceux qui, pour des raisons de sécurité, ont été contraints de fuir la région. Les journalistes, qui effectuent leur travail d’investigation et de relais de l’information ne doivent pas être pris en otage de ce conflit”, a ajouté Reporters sans frontières.
Sai Reddy, journaliste pour le quotidien Deshbandhu a été attaqué par un groupe présumé de maoïstes alors qu’il se trouvait sur un marché, non loin de son domicile. Armés d’objets tranchants, ses agresseurs ont laissé Sai Reddy giseant dans une mare de sang, avant de prendre la fuite. Le journaliste est décédé lors de son transfert à l’hôpital.
Sai Reddy, agé d’une cinquantaine d’années était connu pour ses enquêtes sur la rébellion naxalite qui lui avaient valu d’être à la fois pris pour cible par les autorités et les maoïstes. En 2008, il avait été condamné à une peine de prison pour des liens supposés avec les maoïstes. Mais, les maoïstes, l’accusant d’être proche des forces de sécurité, lui avaient adressé des menaces de mort, avant d’incendier sa maison, le forçant à quitter Chaattisgarh. Il avait été autorisé à revenir, uniquement après avoir formulé des excuses auprès des maoïstes.
Sai Reddy, qui comme de nombreux journalistes de la région ne vivait pas exclusivement de la presse mais aussi de la vente de céréales, avait refusé de prendre parti pour le mouvement anti-naxalite, très populaire entre 2005 et 2008, ce qui lui avait notamment valu d’être taxé par la suite de sympathisant maoïste.
L’Inde connait actuellement une vague de violence sans précédent à l’encontre des acteurs de l’information. Pour l’année 2013, pas moins de huit professionnels des médias ont été tués, un tel niveau de violence n’avait pas été atteint depuis 1997 où sept journalistes avaient succombé à des attaques mortelles. L’Inde figure au 140ème rang sur 179 au classement mondial 2013 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.
Publié le
Updated on
20.01.2016