Un journaliste enlevé après avoir enquêté sur la mort d'un responsable d'Al Qaïda
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Reporters sans frontières est extrêmement préoccupée par le sort de Hayatullah Khan, journaliste du quotidien en ourdou Ausaf et photographe pour l'agence European Press Photo Agency (EPA), enlevé par des hommes armés le 5 décembre 2005, à Mir Ali, dans la zone tribale du Nord Waziristan.
La famille du journaliste a confirmé le 6 décembre à Reporters sans frontières qu'elle n'avait eu aucune nouvelle de lui depuis son enlèvement.
« Hayatullah Khan a contredit, dans ses enquêtes, la version des autorités pakistanaises sur les circonstances de la mort, le 1er décembre, d'un haut responsable d'Al Qaïda. Il a soulevé la question très sensible de la participation de l'armée américaine dans la lutte contre le terrorisme au Pakistan. Sa disparition, qui intervient au lendemain du meurtre d'un journaliste dans la région tribale de Darra Adamkhel, souligne le climat d'insécurité que subissent les professionnels de la presse dans ces régions frontalières avec l'Afghanistan. Nous demandons aux autorités locales de tout mettre en œuvre pour retrouver au plus vite Hayatullah Khan », a déclaré l'organisation.
Alors que le journaliste se rendait à Khajoori (Nord Waziristan, à 250 km au sud-ouest d'Islamabad) pour couvrir une manifestation étudiante, cinq hommes armés d'AK-47 ont arrêté son véhicule et l'ont fait monter dans une autre voiture. Quelques jours auparavant, le journaliste avait enquêté sur les circonstances de la mort d'un chef arabe d'Al Qaïda, Hamza Rabia. L'armée pakistanaise avait affirmé que le djihadiste avait été tué, en compagnie de quatre autres personnes, dans l'explosion accidentelle de munitions au domicile d'un dénommé Mohammad Siddiq. Ce dernier s'avère être l'oncle du journaliste.
Hayatullah Khan avait contredit l'armée en affirmant que le djihadiste avait été tué par un missile américain. Il appuyait ses affirmations par des photographies prises sur les lieux de l'incident. Les villageois témoins de l'explosion confirmaient également la version d'une attaque par un drone ou un avion.
Au moins un témoin affirme que les ravisseurs de Hayatullah Khan ressemblaient à des combattants taliban, mais certaines sources locales pensent en revanche que les forces de sécurité pakistanaises ont de bonnes raisons d'en vouloir au journaliste.
En 2002, Hayatullah Khan avait déjà été arrêté de manière arbitraire par les forces armées américaines alors qu'il était parti en reportage dans une zone frontalière entre le Pakistan et l'Afghanistan pour enquêter sur les activités d'Al Qaïda et des taliban.
En 2003, il avait été harcelé par des militaires pakistanais suite à la publication d'un article sur la mauvaise gestion des véhicules de l'armée à Mir Ali.
Publié le
Updated on
20.01.2016