Un journaliste en danger de mort après un reportage retentissant

Son reportage sur un lynchage collectif a choqué l'opinion publique pakistanaise. Pour ces images, le journaliste Hafiz Muhammad Imran Shehzad vient d'être la cible d'une tentative d'assassinat à Sialkot, province du Pendjab (Nord-Est). "J'ai réalisé un reportage exclusif montrant la brutalité qui règne à Sialkot. Mais maintenant, je suis menacé par ceux qui ont été inculpés dans cette affaire. Mes agresseurs viennent de faire ce qu'ils menacent de faire depuis plusieurs jours. (…) Je demande à toutes les organisations qui se battent pour défendre la liberté de la presse qu'elles me protègent contre les personnes qui veulent me tuer pour le reportage que j'ai fait", a déclaré Hafiz Muhammad Imran Shehzad, reporter de la chaîne pakistanaise Dunya TV, à Reporters sans frontières. Reporters sans frontières appelle le gouvernement pakistanais, notamment le ministre fédéral de l'Intérieur Rehman Malik, à réagir rapidement et à apporter la protection nécessaire au journaliste. L'organisation appelle également les responsables des chaînes de télévision pakistanaises à réfléchir collectivement à des mesures de sécurité pour leurs reporters qui sont de plus en plus régulièrement les cibles de violences. Le 29 août, Hafiz Muhammad Imran Shehzad, âgé de 27 ans, a été attaqué devant son domicile par deux hommes circulant à moto. Blessé, le journaliste a été hospitalisé. Le reportage diffusé par Dunya TV montrait le lynchage de deux adolescents par une foule, le 15 août dernier. Les jeunes avaient été accusés de vol, mais le journaliste avait démontré qu'il s'agissait d'une querelle suite à un match de cricket. Le retentissement de l'affaire avait obligé la Cour suprême à s'en saisir en urgence, au vu notamment de la passivité de la police. Dix-sept personnes, dont des officiers de police, ont été inculpés pour meurtre. Dans une interview téléphonique accordée à Reporters sans frontières, le journaliste a expliqué avoir des soupçons sur l'implication de policiers locaux dans son agression. Le reportage venait d'être projeté lors d'une audience de la Cour suprême. Dans la foulée, le journaliste a été menacé par un homme sortant d'une voiture de police. Le journaliste a réussi à filmer cet individu, en train de donner de l'argent à des policiers pour tenter d'influencer l'enquête. Depuis plusieurs mois, la majorité des affaires de violence contre la presse concernent des journalistes des chaînes de télévision privées, de plus en plus influentes dans le pays. Ainsi, Imran Khan, reporter de Din News TV, Anwar Kamal de Geo News, Zafarullah Banori de ARY One, Ejazul Haq de City-42 TV, Azmat Ali Bangash de Samaa TV, Malik Arif de Samaa TV ou encore Ashiq Ali Mangi de Mehran TVont été les victimes des violences. Le gouvernement avait censuré deux des principales chaînes du pays Geo News et ARY One, avant d'être désavoué par la justice : http://fr.rsf.org/pakistan-deux-chaines-de-television-privees-16-08-2010,38154.html
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Updated on 20.01.2016